Cette année, le point d’inflexion le plus important pour les marchés financiers et monétaires sera probablement le changement de cap des banques centrales quant à leurs taux directeurs.
Les prévisions concernant la nouvelle hausse des taux directeurs de la Réserve fédérale américaine (Fed) et le moment où il pourrait éventuellement être à nouveau nécessaire de les abaisser ont été fluctuantes ces dernières semaines. Fin 2022 et en janvier, tout semblait plaider pour un scénario «boucle d’or» favorable aux marchés d’action. Les taux d’inflation avaient fortement reculé et les perspectives de croissance paraissaient solides.
Revirement de situation
La situation a changé en février avec les chiffres du marché du travail américain. En outre, un ralentissement de la diminution des taux d’inflation a été observé aux Etats-Unis et en Europe. La peur de voir la Fed contrainte d’opérer un freinage bien plus franc qu'envisagé jusque-là s’est alors installée.
Les rendements sur les obligations du Trésor américain à deux ans ont bondi de 4,1 à 5,1% en février. C’est ainsi que les marchés ont commencé à s’effriter et que les fluctuations se sont amplifiées. Les prévisions de taux plus élevées aux Etats-Unis ont aussi porté le dollar, qui est alors passé de moins de 0,91 franc à plus de 0,94 franc.
Les yeux rivés sur la Fed
Après l’effondrement de deux banques américaines, la situation a de nouveau changé. Lors de sa réunion de ce mercredi, la Fed devrait décider de faire une pause dans son cycle de relèvement des taux. Elle ne le reprendra alors que si la situation au sein du système bancaire s’apaise, que l’économie américaine continue de faire preuve de résilience et que l’inflation reste élevée.
Ailleurs en Europe
Les évolutions des taux en Europe ont également un impact sur les cours. Il y a dix jours, la Banque centrale européenne (BCE) a relevé son taux directeur de 50 points de base (pb), soulignant que l'inflation était encore bien trop élevée. La Banque nationale suisse (BNS) devrait relever le taux directeur du franc de 50 pb le 23 mars.
L'accélération de l’inflation en Suisse aura certainement causé bien du souci à la BNS. Mais cette dernière ne dit pas non à un franc toujours haussier qui lui permet de lutter contre l’inflation en limitant sa part importée.
La parité dollar/franc suisse
Si la situation aux Etats-Unis s’apaise et qu’il semble toujours possible que l’économie américaine se pose en douceur, la parité USD/CHF devrait se maintenir au-dessus de la barre magique de 0,90.
En revanche, si c’est un atterrissage brutal qui se dessine et que les marchés anticipent un changement de cap de la Fed vers une diminution des taux, il se pourrait que le cours descende sous ce seuil dès juillet.
Sur la parité EUR/CHF, on peut s’attendre à moins de fluctuations avec une évolution latérale entre 0,95 et 1. L’intervention de la BNS et de la BCE devrait se faire, en effet, de manière concomitante.