Plusieurs statistiques majeures figuraient au menu de la semaine écoulée. En premier lieu, la progression des prix à la consommation s’est révélée un peu plus sage qu’escomptée en août. Le renchérissement annuel s’établit à 5,3%, mais la progression mensuelle a ralenti (0,4% au total, mais seulement 0,1% hors énergie et alimentation). Après plusieurs mois de dérapage, ces chiffres apportent un peu d’eau au moulin des «colombes» qui diagnostiquent une flambée passagère. Les tensions qui continuent à affecter de nombreuses matières premières, dont l’énergie, font toutefois obstacle à un reflux rapide.
Le ralentissement de l’inflation est contrebalancé par la vigueur des ventes au détail qui se sont redressées en août (0,7% mensuel, 15,1% en glissement annuel), malgré la dégradation de la situation sanitaire et le déclin des ventes de voitures lié aux pénuries de composants électroniques qui frappent ce secteur industriel. Hors automobiles, les ventes au détail affichent une progression mensuelle robuste de 1,8% qui invite reconsidérer l’impact du variant Delta sur la croissance aux Etats-Unis. La production industrielle a poursuivi son rebond en août (0,4% mensuel, 5,9% en glissement annuel) et les enquêtes régionales du côté de New York et de Philadelphie reflètent un renforcement de l’activité en septembre.
Une première étape
Le niveau réduit des demandes d’indemnités de chômage (332.000) complète un tableau conjoncturel assez souriant qui devrait conduire la Réserve Fédérale à réduire ses achats d’actifs avant la fin de l’année, comme évoqué par Jerome Powell lors de ses dernières interventions. La réunion du FOMC devrait donc se solder par un communiqué soulignant les progrès de l’économie américaine et préfigurant un «tapering» qui constitue une première étape vers un éventuel resserrement monétaire qui pourrait advenir au début de 2023. Cette perspective, largement anticipée, ne devrait pas avoir de grands effets sur la structure des taux d’intérêt.
Un contexte de turbulences boursières
Après un bref épisode de détente imputable au ralentissement de l’inflation, les rendements en dollars US sont repartis à la hausse en réponse aux bonnes nouvelles publiées dès mercredi. Le rendement du T-Note à dix ans a culminé vendredi aux environs de 1,37% avant de fléchir à 1,33% dans un contexte de turbulences boursières que certains commentateurs imputent à l’imminence d’une faillite d’Evergrande, géant de l’immobilier en Chine. L’analogie avec la faillite de Lehman Borthers est séduisante, mais elle paraît abusive au regard des effets de contagions systémiques qui avaient déferlé sur le système financier occidental en 2008. Pour l’heure, les primes de risque de crédit restent contenues et on ne perçoit pas d’effets de contagions au-delà des emprunts des grands promoteurs immobiliers chinois, sous pression depuis plusieurs semaines. Le «G-spread» moyen observé dans l’univers «Global High Yield» est stable aux environs de 3,6%.
En Europe, on retrouve une chronologie impliquant un redressement des taux d’intérêt, suivi d’un reflux faisant écho à la nervosité qui s’exprime sur les bourses. Le rendement du Bund allemand à dix ans a atteint vendredi -0,27%, au plus haut depuis début juillet, avant de refluer lundi aux environs de -0,31%.
Ironiquement, la perspective d’un changement de cap monétaire semble avoir peu d’effets sur les obligations, mais elle exacerbe la nervosité sur un marché des actions confronté à plusieurs menaces allant de la faillite supposément systémique d’Evergrande au relèvement du taux d’imposition des bénéfices des entreprises qui se profile aux Etats-Unis en passant par un improbable défaut du gouvernement fédéral si le plafond de la dette n’est pas prochainement relève (ou suspendu) par le Congrès.