Sortir des énergies fossiles devient une urgence. La transition énergétique ne sera pourtant réellement possible qu’avec des instruments supplémentaires, plus pratiques, tels qu’une taxe d’incitation intégralement restituée. Explications.
La guerre en Ukraine a mis en évidence à quel point il était important de sortir le plus rapidement possible des énergies fossiles au profit des sources renouvelables et disponibles localement.
Le secteur financier s’engage. Et les autres?
En Suisse, ces efforts se sont toutefois heurtés de plein fouet au rejet de la loi sur le CO2 en juin 2021. Désormais, le secteur financier porte sur ses épaules une bonne partie de la responsabilité de la mise en oeuvre de la transition énergétique. Seulement, il ne s’en sortira jamais seul.
Jusqu’à présent, les acteurs politiques se sont montrés réticents quant au déploiement d’un instrument qui inciterait réellement l’économie et la société à s’engager de manière simple, concrète et efficace dans la transition énergétique: une taxe sur les gaz à effet de serre conçue de manière intelligente.
Une taxe bien pensée sur les gaz à effet de serre
Dans un premier temps, les autorités devraient introduire, progressivement, sur une période définie, une taxe sur les gaz à effet de serre et l’augmenter au fur et à mesure, jusqu’à parvenir à l’effet incitatif souhaité. En effet, sa simple annonce suffirait, par exemple, à pousser une entreprise devant renouveler sa flotte de véhicules à intégrer dans sa décision d’investissement le calcul approprié des coûts des différentes motorisations.
Deuxièmement, la taxe devrait être intégralement restituée à la population. Car si l’Etat disposait du revenu probablement considérable de cette taxe, le lobbyisme des chasseurs de subventions ne tarderait pas à s’activer auprès des acteurs politiques.
Pour finir, la restitution intégrale de cette taxe permettrait de s’assurer que la société dans son ensemble ne perde pas en pouvoir d’achat.
Se tourner vers les alternatives
Une telle taxe d’incitation ne fait que modifier le prix relatif entre les énergies fossiles et non fossiles. Les ménages et les entreprises confrontés à d’autres incitations choisiraient alors les sources d’énergie alternatives, les nouvelles technologies ou les mesures d’économie d’énergie, selon le libre jeu du marché. Il conviendrait par ailleurs de veiller à ce que, par exemple, un ménage qui diminue significativement ses émissions de CO2 récupère bien plus d’argent de la taxe d’incitation que ce qui lui est prélevé.
Au vu des nombreux avantages de cette proposition, il est assez étonnant que même des Verts ne se soient pas engagés vigoureusement en sa faveur.
S’il est désormais incontestable que le secteur financier peut agir pour la transition énergétique, des concepts plus pratiques sont nécessaires pour atteindre les objectifs ambitieux.