La Bourse suisse se maintenait dans le vert jeudi à l'approche de la mi-journée, les deux poids lourds pharma Novartis et Roche assurant à eux seuls l'essentiel de la progression de l'indice phare SMI, à la faveur du désengagement du premier dans le second. Le marché bénéficiait également des bonnes dispositions des investisseurs après les records de Wall Street la veille et la réunion de la Réserve fédérale américaine.
Sur le front des données macroéconomiques, le ralentissement de la croissance de l'activité dans le secteur privé français s'est poursuivi en octobre. L'industrie a continué de souffrir outre-Jura de difficultés d'approvisionnements, selon le cabinet IHS Markit. En Allemagne, les commandes passées à l'industrie ont légèrement rebondi en septembre après un fort repli en août, pendant que les usines restent privées de composants. L'indicateur en la matière, qui donne un avant-goût de l'activité industrielle, a progressé de 1,3% par rapport au mois précédent, révisé en baisse à -8,8%.
Alors que la Banque de Norvège a gardé son taux directeur inchangé jeudi, à 0,25%, la Réserve fédérale américaine (Fed) a annoncé mercredi une réduction de son soutien monétaire, mettant fin à des mois de spéculations concernant son programme d'achats d'actifs de 120 milliards de dollars mensuels. "Tout s'est passé presque comme prévu", a résumé Jochen Stanzl, analyste chez CMC Markets.
Comme attendu, la banque centrale américaine a décidé de réduire ses achats, à hauteur de 15 milliards de dollars chaque mois : 10 milliards pour les bons du Trésor, et 5 milliards pour les MBS, des produits financiers adossés à des prêts immobiliers. Se voulant rassurante, la Fed s'est néanmoins dite prête à l'ajuster "si cela est justifié par l'évolution des perspectives économiques".
Auparavant, Christine Lagarde était venue donner un peu plus de "substance" quant à la prochaine hausse des taux d'intérêt de la Banque centrale européenne (BCE). Sa présidente a jugé très improbable une hausse en 2022, les perspectives d'inflation à moyen terme devant rester modestes. La présidente a expliqué qu'un durcissement indu des conditions de financement n'est pas souhaitable à un moment où le pouvoir d'achat est déjà comprimé par la hausse des factures d'énergie et de carburant. Cela représenterait un vent contraire non désirable pour la reprise.
Après une entame de séance sur un bond de 0,92%, l'indice phare SMI restait largement dans le vert s'affichant à 11h00 à 12'456,29 points, soit une progression légèrement plus modeste de 0,59%. Le SLI gagnait de son côté 0,44% à 2016,94 points, alors que l'indicateur élargi SPI s'étoffait de 0,60% à 16'048,59 points.
Les quelque 70 points gagnés par le SMI reflétaient cependant essentiellement les gains engrangés par le bon Roche et la nominative Novartis, lesquels représentaient près de 65 points.
Côté gagnants, deux des trois plus grosses capitalisation du marché, les pharmas Roche (+2,3%), surtout, et Novartis (+0,5%) se distinguaient
Sur les 30 valeurs constitutives du SLI, treize perdaient du terrain, les dix-sept autres en gagnant. Julius Bär (-1,3%) fermait la marche, derrière Givaudan (-1,2%) et Holcim (-0,6%). Considérées dans leur ensemble, les valeurs financières étaient à la peine, Swiss Re cédant 0,5%, UBS 0,4%, Swiss Life 0,4% aussi et Zurich Insurance 0,1%. Credit Suisse en faisait de même.
Les affaires ont pesé de tout leur poids sur la performance du numéro deux bancaire helvétique au troisième trimestre, l'établissement passant des charges de 546 millions de francs, dont 214 millions de francs, pour le scandale au Mozambique. Dans la tourmente, la banque aux deux voiles lance une réorganisation, regroupant sous un seul toit toute son activité de gestion de fortune.
Côté gagnants, deux des trois plus grosses capitalisation du marché, les pharmas Roche (+2,3%), surtout, et Novartis (+0,5%) se distinguaient. Novartis va revendre à Roche l'importante participation dont il dispose depuis plus de 20 ans dans le capital-actions de son rival et voisin. Les 53,3 millions de titres au porteur, un tiers du total, représentent une valeur de transaction d'environ 20 milliards de francs ou de près de 21 milliards de dollars.
Mais la première marche du podium revenait à la toujours volatile AMS (+3,2%), devant Temenos (+3,1%) et Roche. Geberit (+1,3%) était également bien placé Barclays et Vontobel ayant révisé à la hausse l'objectif de cours du fabricant st-gallois d'équipements sanitaires, alors que Berenberg l'a réduit. Le géant genevois du luxe Richemont (+2,1%) était aussi à la fête, alors que son concurrent biennois, l'horloger Swatch Group (+0,8%) rentrait quelque peu dans le rang.
Sur le marché élargi, plusieurs firmes pharmaceutiques avaient la cote auprès des investisseurs, Obseva (+4,7%) le premier. Le titre du laboratoire genevois spécialisé dans la santé féminine et reproductive décollait de 6,4%, après avoir dévoilé un bénéfice net de 0,8 million de dollars à fin septembre, comparé à une perte nette de 24,4 millions à la même période un an plus tôt. Santhera (+3,3%) a nommé Stephanie Brown à la direction générale, où elle sera en charge de l'Amérique du Nord à partir du 1er décembre.
Ypsomed (+3,6%) se joignait au festival. Le fabricant et distributeur bernois de dispositifs d'injection a enregistré de solides résultats sur les six premiers mois de son exercice décalé 2021/22 (à fin septembre). L'entreprise a relevé son objectif de résultat opérationnel pour l'ensemble de l'exercice.
Le fournisseur de l'industrie automobile Autoneum (+1,4%) a dévoilé jeudi ses nouvelles perspectives financières à moyen terme, ainsi que ses objectifs de reversement à l'intention des actionnaires. L'entreprise winterthouroise table sur une marge brute d'exploitation (Ebitda) de 13% à moyen terme, contre 11,8% au premier semestre 2021, et un flux de trésorerie représentant 6% des recettes. (AWP)