Alors que le marché des actions a totalement surmonté l’épisode de stress des premiers jours du mois d’août, les emprunts du Trésor américain n’ont cédé qu’une partie des gains accumulés durant l’été. Le rendement du T-Note à 10 ans a franchi 3,9%, mais reste assez éloigné de la fourchette de 4,2% à 4,4% observée en début d’été. Malgré les récentes tensions, les emprunts du Trésor ont globalement dégagé une performance proche de 2% en août. Les segments plus risqués se sont bien comportés à la faveur d’un repli des «spreads» associés aux obligations d’entreprises et aux emprunts émergents.
Les légères tensions observées la semaine passée sont imputables à des indicateurs qui suggèrent que l’économie américaine poursuit une expansion robuste, ni trop chaude ni trop froide, conforme aux préférences de Boucles d’Or. La croissance du PIB réel au deuxième trimestre a été révisée à la hausse de 2,8% à 3,0%. La progression soutenue des dépenses personnelles en juillet (0,5% sur un mois en termes nominaux, 0,3% en termes réels) ne traduit aucune rupture inquiétante, mais la baisse du taux d’épargne observée depuis quelque mois annonce probablement une modération de la demande des ménages.
Les indices de prix liés aux dépenses personnelles, en hausse de 0,2% sur un mois et 2,5% en glissement annuel (respectivement 0,2% et 2,6% hors énergie et alimentation), affichent des variations compatibles avec le changement de cap annoncé par le président de la Réserve fédérale (Fed), Jerome Powell, à l’occasion du symposium de Jackson Hole. L’ampleur et la rapidité du cycle qui débutera le 18 septembre restent toutefois incertaines et tributaires des développements économiques et financiers futurs.
Le rapport de l’emploi attendu vendredi revêt une importance particulière. Des chiffres confirmant la faiblesse mise en lumière par le rapport publié le 2 août pourraient inciter la Fed à réduire son taux d’intérêt directeur de 0,5% le 18 septembre. A contrario, un reflux de chômage et un rebond de l’embauche devraient inciter la Fed à faire preuve de retenue, conformément au scénario qui recueille aujourd’hui une majorité des suffrages. Dans l’attente du fameux rapport, la stabilité des demandes d’indemnités de chômage à proximité de 230.000 depuis plusieurs semaines et l’amélioration de la confiance des consommateurs invitent à l’optimisme, en accord avec un «consensus» qui prévoit un repli du taux de chômage de 4,3% à 4,2%. Les indices de diffusion de l’ISM sont aussi susceptibles d’avoir un certain impact, notamment s’ils devaient signaler une contraction concomitante de l’activité manufacturière et de celle des prestataires de services.
Sur le Vieux Continent, les rendements se sont aussi redressés. Cette correction efface l’entièreté de la chute intervenue début août, tant pour le Bund allemand que pour le Gilt britannique et les emprunts de la Confédération helvétique. Le reflux marqué de l’inflation dans la zone euro, de 2,6% en juillet à 2,2% en août, ne doit pas occulter les tensions persistantes qui affectent les prix des services, en hausse de 0,4% sur un mois et de 4,2% en glissement annuel. Bien que ces chiffres ne remettent pas en question la baisse de 0,25 point de pourcentage des taux directeurs de la Banque centrale européenne attendue la semaine prochaine, ils plaident pour une certaine retenue dans un contexte de chômage réduit propice au développement d’une boucle «prix - salaires».