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«Boucles d’or» prolonge ses vacances aux Etats-Unis

La tiédeur du marché du travail et des banquiers centraux conciliants renforcent l’optimisme ambiant.

Jerome Powell a laissé entendre que la Réserve fédérale ne cherchera pas à anticiper les changements proposés par Donald Trump lors de sa campagne, mais calibrera sa politique en fonction des mesures fiscales et protectionnistes qui seront effectivement mises en œuvre.
Keystone
Jerome Powell a laissé entendre que la Réserve fédérale ne cherchera pas à anticiper les changements proposés par Donald Trump lors de sa campagne, mais calibrera sa politique en fonction des mesures fiscales et protectionnistes qui seront effectivement mises en œuvre.
François Christen
One Swiss Bank à Genève
10 décembre 2024, 18h30
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Alors que les indices américains enchaînent les records avec une régularité déconcertante, les obligations en dollars ont surmonté un épisode de fébrilité provoqué par la victoire sans appel de Donald Trump et d’un camp républicain qui a pris le contrôle des deux Chambres parlementaires. Le rendement du T-Note à 10 ans a reflué en dessous de 4,2% au terme d’une semaine marquée par la publication de plusieurs statistiques majeures, à l’instar du rapport de l’emploi publié vendredi passé.

«Boucles d’or» prolonge ses vacances aux Etats-Unis

Sans surprise, les créations d’emplois se sont redressées en novembre pour s’établir à 218.000 après être tombées à 36.000 en octobre en raison de circonstances particulières (deux ouragans et une grève chez Boeing). L’enquête réalisée auprès des ménages fait état d’une légère augmentation du taux de chômage, de 4,1% en octobre à 4,2% en novembre, en hausse de 0,5 point de pourcentage par rapport à novembre 2023. Ni trop chaud, ni trop froid, le marché du travail américain affiche une tiédeur de bon aloi, compatible avec une normalisation graduelle des conditions monétaires.

Dans l’attente des chiffres d’inflation qui seront publiés mercredi et jeudi, le dernier rapport de l’emploi et les déclarations de Christopher Waller et de Jerome Powell, gouverneur et président de la Réserve fédérale (Fed), alimentent l’espoir d’une troisième baisse du taux d’intérêt directeur, conformément aux projections dévoilées en septembre. Les deux banquiers centraux perçoivent la vigueur persistante de l’économie comme un développement favorable qui permettra à la Fed de se montrer plus patiente dans sa quête de conditions «neutres». En phase avec cette vision, Le «CME FedWatch» attribue une probabilité de 86% à une réduction de 0,25 point de pourcentage le 18 décembre et une trajectoire plus prudente en 2025 qui annonce des taux monétaires proches de 3,75% à la fin de l’année prochaine.

Conciliant, Jerome Powell a laissé entendre que la Réserve fédérale ne cherchera pas à anticiper les changements proposés par Donald Trump lors de sa campagne, mais calibrera sa politique en fonction des mesures fiscales et protectionnistes qui seront effectivement mises en œuvre. De son côté, le président élu a réaffirmé dimanche qu’il ne cherchera pas à remplacer Jerome Powell avant la fin de son mandat en mai 2026. L’alignement des intérêts de la Fed et de la Maison-Blanche constitue un développement réjouissant, tant pour les obligations que pour les actions.

A contre-courant des Etats-Unis, les marchés européens ont cédé une petite partie des gains accumulés en novembre. Le rendement du Bund allemand à 10 ans s’est redressé aux environs de 2,1%. La chute attendue du gouvernement Barnier en France n’a pas eu les conséquences dramatiques évoquées par quelques cassandres. Les blocages qui résultent d’un parlement dénué de toute majorité stable devraient déboucher sur la construction d’un gouvernement «technique» dans l’attente d’une nouvelle dissolution.

Le conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE) tiendra jeudi une réunion qui devrait se solder par une troisième réduction consécutive du taux de dépôt de 0,25 point, à 3%. La dégradation de la conjoncture européenne pourrait justifier un geste plus agressif, mais le conseil compte plusieurs «faucons» qui perpétuent une tradition d’orthodoxie héritée de la Bundesbank. Quoi qu’il advienne, la BCE semble vouée à maintenir un cap accommodant.

En Suisse, la Banque nationale (BNS) devrait aussi abaisser son taux de dépôt de 0,25 point de pourcentage, à 0,75%, afin de contenir l’appréciation du franc et les pressions déflationnistes qui en résultent.