Le Conseil fédéral a-t-il vraiment repris la main? C’est l’impression qu’il a pu donner lors de sa conférence de presse surprise de mardi lorsqu’il tança, à la manière d’un maître d’école, des cantons jugés trop dilettants dans la gestion de la pandémie de coronavirus.
Pourtant, c’est bien le contraire qui se produit. Le gouvernement a réussi à se mettre à dos tant les cantons alémaniques que romands. Son autorité en ressort affaiblie car en réalité son analyse de la pandémie est contestable. En particulier, l’approche du Conseil fédéral continue de minorer les conséquences économiques des restrictions annoncées, et dramatise la situation sanitaire. Reste à voir, ce vendredi, ce qu’il décidera in fine.
Sans action résolue, le gouvernement continuera d’opposer la santé à l’économie.
Frédéric Lelièvre, rédacteur en chef de L'Agefi
En attendant, un sursaut de sa part paraît nécessaire. Il ne s’agit pas de mettre au point un plan de relance, comme certains le demandent. Mais plutôt d’aider les secteurs les plus touchés à surmonter une crise qui s’éternise. Sans action résolue, le gouvernement continuera d’opposer la santé à l’économie.
Il n’est pas trop tard. La vague de faillites tant redoutée ne s’est pas encore produite. Des pans entiers de l’économie ont démontré une impressionnante capacité de réorganisation, comme dans les services ou l’industrie pharmaceutique. Cependant, si le télétravail peut beaucoup, il ne peut pas tout. D’autres secteurs, de la restauration à la culture en passant par le tourisme, ne peuvent être abandonnés à eux-mêmes.
Il importe enfin de retrouver la cohérence et la rapidité de décision du printemps. La Confédération en a parfaitement les moyens financiers. Alors, le Conseil fédéral aura repris la main.