Le canton de Saint-Gall se trouve actuellement en tête du classement du nombre d’infections par 100.000 habitants. Son Conseil d’Etat a pourtant déclaré mercredi qu’il renonce à prendre des mesures sanitaires supplémentaires. Le président du gouvernement de Saint-Gall Bruno Damann a même lancé un appel: «Nous sommes favorables à ce que la Confédération déclare l’état de situation extraordinaire.»
Dans des situations épidémiologiques similaires, les cantons romands avaient pris eux-mêmes des mesures sanitaires drastiques. Elles ont été accompagnées par des programmes de soutien à l’économie. Genève et Vaud notamment se sont engagés dans des proportions nettement supérieures à la manne qu’ils pourront probablement attendre de la Confédération. Une partie des aides sera versée de manière immédiate.
Engagement modeste malgré un excédent en 2020
Présenter, en raison du Coronavirus, un déficit de 1,1 à 1,2 milliard de francs en 2020 comme le fait Genève paraît inconcevable aux cantons alémaniques. Se basant encore sur une clé de répartition 50 :50, l’engagement de Saint-Gall par exemple se monte pour l’heure à 11 millions de francs, de préférence sous forme de prêts à caution solidaire, non pas de soutien à fonds perdu. Selon ses prévisions de fin septembre, ce canton, noté «AA+» par Standard & Poor’s depuis 2012 au moins, devrait boucler cette année sur un excédent, supérieur à celui budgété. En puisant dans les fonds propres, il a pu présenter un budget 2021 conforme aux dispositions du frein à l’endettement.
D’autres paquets ficelés restent eux aussi proportionnellement modestes par rapport aux mesures décidées par les cantons romands. La part versée à fonds perdu est souvent encore bien plus faible. Dans bien de cas, les premiers versements pour les cas de rigueur n’interviendront que l’année prochaine.
Aide en fonction des soutiens à fonds perdu
Le canton de Zurich, qui agit jusqu’à présent par des garanties contre des défaillances de crédits à hauteur de 85%, conçoit même un modèle particulier : le montant de l’aide octroyée, en principe de 200 millions de francs avec la contribution de la Confédération, dépend de la part accordée à fonds perdu. L’engagement net du canton se limite dans tous les cas à 40 millions de francs. Le canton s’attend à un taux de défaut de 40%, et donc à ce que 120 millions des 200 millions lui soient remboursés. Si tous les soutiens financiers du programme étaient versés en subventions, cela limiterait son envergure à 80 millions au lieu de 200 millions. Le conseiller d’Etat responsable des finances Ernst Stocker a souligné que «les mesures de cas de rigueur des cantons ne peuvent pas porter et stabiliser l’économie dans toute son étendue». Zurich prévoit lui aussi un excédent en 2020, la pandémie laissant ses traces plutôt dans les budgets 2021 et 2022. Il est noté «AAA» depuis des décennies.
Son voisin, l’Argovie, se montre tout aussi récalcitrant à prendre des mesures restrictives pour endiguer le coronavirus. En revanche, il s’engage à hauteur de 125 millions, pour contrer les effets des mesures sanitaires, sans définir de limites particulières au niveau des branches pouvant en bénéficier. Dans d’autres cantons, l’idée d’ajouter les transports (taxis), les services aéroportuaires, les fitness ou encore la culture aux secteurs définis sur le plan fédéral a encore beaucoup de chemin à faire. Les deux Bâle, eux aussi dans une situation épidémiologique délicate, ont l’intention de s’engager proportionnellement à la manne fédérale, soit avec un peu plus de 15 millions chacun.
Le canton de Berne avait fait appel à la Confédération, se targuant d’avoir partiellement obtenu gain de cause. N’ayant rien inscrit au budget pour de nouveaux plans d’aides, il prévoit en principe lui aussi de ne pas aller au-delà de la part qui lui revient dans le cadre du programme fédéral, soit environ 40 millions. Berne examine néanmoins des mesures purement cantonales, pour les fournisseurs à l’industrie et pour le tourisme. Comme d’autres cantons, le conseiller d’Etat responsable de l’économie Christoph Ammann appelle à réactiver les crédits Covid et d’y intégrer les cas de rigueur.