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Métavers et les horlogers suisses

Comment penser que le métavers puisse apporter l’émotion propice à l’achat d’une montre de luxe? Par Xavier Comtesse et Delphine Seitiée

Meta et sa division Reality Labs, en charge du développement des activités de réalité virtuelle et du «métavers», a affiché une perte nette de 10,2 milliards de dollars sur l'ensemble de l'année 2021.
Keystone
Meta et sa division Reality Labs, en charge du développement des activités de réalité virtuelle et du «métavers», a affiché une perte nette de 10,2 milliards de dollars sur l'ensemble de l'année 2021.
Xavier Comtesse
Manufacture Thinking - Mathématicien et président
Delphine Seitiée
Alp ICT - Secrétaire générale
07 février 2022, 10h07
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Meta Plateforms, qui possède Facebook, a plongé en Bourse jeudi dernier (-25%)… du jamais vu pour les GAFA. Que s’est-il passé? Facebook annonce avoir perdu des clients durant ce dernier trimestre. Pas beaucoup, environ un million, c’est peu en comparaison des plus de 3 milliards d’usagers. Mais dans le monde de la technologie on ne peut montrer que des chiffres en croissance, et si possible à 2 «digits».

Qui concurrence pareillement Facebook? Essentiellement TikTok qui est le réseau social le plus performant du moment. Une statistique montre même qu’en moyenne les internautes passent chaque jour plus de temps sur TikTok que sur Google. Le centre de gravité d'internet se déplace des USA vers la Chine!    

Pour en revenir à Meta, sa division Reality Labs, en charge du développement des activités de réalité virtuelle et du «métavers» dont les résultats spécifiques étaient détaillés pour la première fois dans le rapport trimestrielle de la semaine dernière, a affiché une perte nette de 10,2 milliards de dollars sur l'ensemble de l'année 2021. C’était prévu, mais ça pique.

Meta investit énormément dans ce projet, notamment en développant l’ordinateur le plus puissant au monde: AI Research SuperCluster – Meta. Le plus puissant supercalculateur dédié à la réalité virtuelle et à l’intelligence artificielle. Est-ce un investissement judicieux? Wall Street en doute encore, refroidi par l'abandon du projet de cryptomonnaie Diem (anciennement Libra) par la compagnie. Signalée comme un «game changer», cette cryptomonnaie a fait long feu, signifiant une perte de confiance pour les investisseurs dans l’aventure Meta.

La haute horlogerie suisse s’apprête à rejoindre «métavers»... Oups!

En ce qui concerne l'avenir de métavers, il faut dire que le ciel est bien sombre. D’abord parce qu’un tel environnement virtuel sera très gourmand en électricité (à l'exemple des blockchains) et que le fait de posséder un avatar posera des problèmes d’équilibre psychologique (Second Life).

Enfin dans ce monde parallèle, il sera quasiment impossible de modérer les propos des utilisateurs (comme les fake news). Ce dernier point est aujourd’hui au cœur d’un combat politique aux Etats-Unis pour encadrer (légiférer) davantage les réseaux sociaux. Les excès de Trump ont soulevé un problème de fond sur le délicat équilibre entre liberté de parole et parole libérée.  

Au milieu de cette agitation, le luxe et en particulier la haute horlogerie suisse s’apprête à rejoindre «métavers»… Oups! Le 26 janvier dernier le CEO de Bulgari, Jean-Christophe Babin, s’exprimait ainsi dans la Tribune de Genève: «L’horlogerie suisse a raté le digital, elle ne doit pas louper le métavers.» Mais comment penser qu’un tel support puisse apporter l’émotion propice à l’achat d’une montre de luxe? Le métavers se résumerait à un canal de vente supplémentaire mais n’est probablement pas la révolution attendue; les promesses commerciales n’engagent que ceux qui les croient. Certes une manière de toucher les millennials et la génération Z, en jetant des passerelles vers leurs univers de prédilection: le virtuel (gaming, e-sport, etc). Ce d’autant plus que, selon le Vogue Business Index Spring 2021, un cinquième des achats de luxe seront réalisés par cette génération d’ici à 2025. Mais une contrainte pose un problème de fond: le luxe est avant tout matière très peu virtuelle.