Les aides fiscales liées à la pandémie du Covid-19 ont provoqué une augmentation de la dette globale émise par les gouvernements, les sociétés non-financières et les ménages qui atteint 226.000 milliards de dollars en 2020, soit une hausse de 27.000 milliards de dollars. En comparaison, le PIB mondial s’élève à 81.000 milliards de dollars par an. Aussi bien le niveau de la dette que son augmentation sont sans précédent. Les économies développées et la Chine ont contribué à plus de 90% de la dette accumulée en 2020, tandis que les marchés émergeants comptent pour environ 7% seulement.
Néanmoins, les cinq pays ayant fait défaut sur leur dette en 2020 étaient des pays émergents: l’Argentine (deux fois), l’Équateur, le Liban, le Suriname (deux fois) et la Zambie. L’accès au financement est bien sûr limité pour les pays à faible revenu; les pays matures bénéficient pour leur part de leur solidité structurelle de crédit, ainsi que des coûts du service de la dette historiquement bas grâce à, entre autres, une politique monétaire extraordinairement accommodante.
Une première en 1987
Heureuse circonstance, de nombreux pays qui nécessitent potentiellement de restructurer leur dette sont dotés de vastes richesses naturelles. De ce fait sont nés les «échanges dette-nature» qui consistent à convertir de la dette en investissements écologiques. Par ce biais, un pays débiteur a le droit à des remises substantielles sur sa dette en échange d'investissements en faveur de la conservation de la nature et de l'adoption de mesures de protection de l'environnement.
La première opération de ce genre date de 1987, quand l'ONG environnementale «Conservation International» a réduit 650.000 dollars de la dette bolivienne. La Bolivie a en contrepartie accepté de protéger 1,5 millions d’hectares de terres adjacentes au bassin amazonien à des fins de conservation.
Du cas par cas
Le Fonds monétaire international et la Banque mondiale avaient l’intention de présenter un programme pour les échanges dette-nature à la COP26, avant d’y renoncer. Le problème dans ce contexte est que ce type de transaction n’est pas «systémique», mais plutôt au cas par cas. Pourtant, pour ces cas-là, la solution peut s’avérer être un outil très efficace pour financer la transition climatique.
Les échanges dette-nature pourraient également aider les pays matures à réaliser leurs promesses de contributions déterminées au niveau national et de financement pour les pays en développement. En somme, il y aurait trois gagnants: les créanciers, les débiteurs et... la planète.