Aujourd’hui, la Chine domine le marché des batteries électriques. L’Australie est le plus grand producteur de lithium, qui est le composant clé de ces dispositifs. Les Etats-Unis ont lancé le plus grand programme de relocalisation des usines high-tech du domaine (l’Inflation Reduction Act, IRA). L’Europe n’est pas en reste avec son Net-Zero Industry Act (NZIA). Ainsi, la France vient de poser la première pierre d’une méga usine de batterie à Dunkerque, la quatième dans le Nord de la France, et Glencore a annoncé la construction de la plus grande usine européenne de recyclage de batteries en Italie.
Et la Suisse? Elle ne semble guère bouger à part des initiatives dans les centres de recherche des Hautes écoles ou au Centre suisse d’électronique et de microtechnique (CSEM) et dans quelques entreprises privées comme Leclanché (Yverdon-les-Bains) ou EM Microelectronic Marin à Neuchâtel. C’est bien mais c’est peu, car les batteries sont aujourd’hui un véritable enjeu industriel. Rien moins que le futur de la richesse des nations.
Que faire? Regardons cela en détail.
Aux Etats-Unis, l’objectif principal de l’IRA est de stimuler l’investissement sur sol américain et ainsi favoriser la création d’emplois au niveau national dans les industries du futur comme la cleantech et les batteries. Réduire l’inflation dans le pays en adoptant des mesures fiscales semble être une mesure secondaire. L’impact est déjà visible: certaines entreprises ont annoncé des projets d’investissements aux Etats-Unis comme le fabricant suédois de batteries Northvolt qui est revenu sur un de ses plans de construction d’usine sur le Vieux Continent au profit du nouveau monde.
En ce qui concerne le NZIA européen, tout en visant à développer la fabrication de technologies propres et à s’engager dans la transition vers une économie à faibles émissions, il vise aussi à augmenter les investissements industriels et l’implantation de nouvelles sociétés avec un seuil de 40% de la production de batteries pour le secteur automobile au sein du territoire européen.
Que devrait faire la Suisse?
Face à ces nouvelles législations et aux budgets faramineux qui les accompagnent, la Suisse devrait-elle adopter des lois plus incitatives?
Répondre aux défis de l’IRA américain et du NZIA européen est une question complexe qui dépend de plusieurs facteurs, notamment des priorités politiques de la Suisse, de son économie et de son marché. Si la Suisse estime qu’attirer des entreprises sur son sol est encore important, alors elle doit se donner les moyens de mettre en place des mesures fiscales et monétaires similaires à celles proposées par les Américains et Européens.
Si au contraire elle pense devoir soutenir son propre savoir-faire, alors c’est une tout autre histoire.
Entre une stratégie exogène (attirer) et endogène (soutenir), il n’y a pas photo, c’est toujours développer à partir de son propre savoir-faire qui paye. L’implantation de méga usines de batteries en Suisse est difficile (terrain et emploi à disposition), mais lancer des programmes de «scale-up» pour soutenir des initiatives de start-up ou de PMI est possible et serait tout à fait souhaitable. Il faut atteindre une masse critique dans ce type d’industries et un effort gouvernemental garantirait que les investissements consentis au niveau de la recherche trouveraient des débouchés sur sol national.
On aurait enfin une politique industrielle cohérente entre recherche et développement!