Depuis le Covid, le télétravail s’est démocratisé. Les freins technologiques, fréquemment invoqués avant la pandémie pour refuser la mise en place de cette forme de travail, ont été levés avec effet immédiat. Sa pratique varie d’un pays à l’autre. Selon les récentes enquêtes EconPol Europe et Gartner, ce sont les employés des pays anglo-saxons (Canada, Royaume-Uni et Etats-Unis) qui télétravaillent le plus, avec en moyenne 1,7 jour par semaine, contre 0,6 jour en France et dans les pays asiatiques.
Les principaux bénéfices du télétravail sont le gain de temps, la réduction des coûts, la flexibilité, les déplacements et l’équilibre vie privée vie professionnelle. Le présentiel est quant à lui favorable aux échanges entre collègues, au travail d’équipe et permet une séparation claire entre vie professionnelle et vie privée. C’est sans surprise que le travail hybride, qui consiste à télétravailler environ deux jours pour un temps plein, a la faveur des entreprises qui le proposent à leurs employés.
Certains permettent à leurs collaborateurs de travailler depuis leur lieu de vacances. Cette nouvelle formule a entraîné la création du mot-valise «tracances»
Véronique Kämpfen
D’autres vont plus loin et permettent à leurs collaborateurs de travailler depuis leur lieu de vacances. Cette nouvelle formule a entraîné la création du mot-valise «tracances». Ces pratiques, pour séduisantes qu’elles peuvent sembler de prime abord, se heurtent aux limites édictées par les législations des différents pays relatives au droit du travail et à la sécurité sociale. Les employeurs doivent en outre s’assurer de ne pas contrevenir aux règles régissant la prise de vacances.
Corollaire à l’essor du télétravail, le coworking connaît un nouvel engouement. Les espaces de travail partagés ailleurs que sur le lieu de travail offrent la possibilité de télétravailler au sein d’environnements adaptés et propices aux interactions sociales. Le développement de ces espaces, en particulier dans les petites villes, permet de rapprocher le bureau du lieu de résidence. Les entreprises de toutes tailles valorisent ces pratiques, car elles leur permettent d’attirer des talents et de diminuer les surfaces de bureaux.
La question relative à l’aménagement de l’espace de travail en entreprise et aux éventuelles économies de surfaces qui pourraient être engendrées par un recours plus fréquent au télétravail est un véritable enjeu. Une étude du McKinsey Global Institute montre que la demande en immobilier commercial est en forte baisse aux Etats-Unis. Par rapport à 2019, la location de bureaux a chuté de 20%, tout comme celle des surfaces commerciales (17%). A Genève, les surfaces disponibles ont doublé en douze mois. De nombreux restaurants, qui accueillaient une forte clientèle de collaborateurs d’entreprise à midi, ferment, leur fréquentation ayant diminué. Ces nouvelles tendances se confirment dans les chiffres des dépenses individuelles. Celles du week-end ne cessent d’augmenter au détriment de la consommation en semaine.
Ces nouvelles formes de travail vont probablement perdurer. Si c’est le cas, elles entraîneront l’adaptation des centres-villes, qui devront faire face à une population de travailleurs en baisse pendant la semaine. En plus du secteur de la restauration, le commerce sera également touché. A cela s’ajouteront des réflexions pour fluidifier la reconversion des bureaux en logements, les premiers devenant pléthoriques alors que la pénurie règne pour les seconds.