• Vanguard
  • Changenligne
  • FMP
  • Rent Swiss
  • Gaël Saillen
S'abonner
Publicité

Le futur de l’industrie: «Machine to Machine»

L’intelligence artificielle permet aux robots de collaborer entre eux, sans intervention directe de l’homme. Par Xavier Comtesse

On touche au rêve de James Cameron dans son film culte «Terminator» de 1984.
KEYSTONE
On touche au rêve de James Cameron dans son film culte «Terminator» de 1984.
Xavier Comtesse
Manufacture Thinking - Mathématicien et président
18 avril 2023, 15h00
Partager

La véritable révolution industrielle vient tout juste de commencer! En effet, bien que l’on soit passé de la «machine à vapeur» de James Watt (1765) à la «machine-outil» (qui a tant impressionné les horlogers suisses à la «machinery hall» de l’exposition mondiale de Philadelphie en 1876). Puis de la «machine à commande numérique» (John Parsons, 1952) au «machine learning» (Google, 2012).

Rien à voir avec ce qui nous attend. On entre dans l’ère de la «machine to machine», celle où la machine décide seul! Chez le Japonais Fanuc, les robots construisent des robots; chez l’américain Amazon, le stockage est géré par des chariots autonomes, donc qui décident; chez le français Drone Volt, les drones sont des essaims de peintres en bâtiment; chez l’américain Boston Dynamics, les animaux sont mécaniques; chez le zurichois Ascento, les robots inspectent seul les voies ferrées des CFF, etc.

La machine industrielle semble s’emballer: les robots collaborent entre eux, prennent des décisions et participent à la construction d’autres machines.

Un possible saut de l’Histoire

On touche au rêve de James Cameron dans son film culte Terminator de 1984. La singularité technologique était déjà représentée à l’époque par une super intelligence et aujourd’hui avec l’intelligence artificielle (IA) à usage industriel, nous commençons à entrevoir ce possible saut de l’Histoire.

Il n’y a pas que l’IA et ChatGPT, Bard, Dall.e, Midjourney et autres Jasper qui fascinent. La «cobotique», c’est-à-dire cette branche de la robotique qui fait collaborer intelligemment les machines entre elles de manière autonome est tout simplement inouïe. Ce qui se dessine pour demain, ce sont des plateformes de machines ayant la capacité de prendre des décisions de fabrication. Moins visible que les chats, l’IA industrielle représente néanmoins une voie que beaucoup de nos PMI romandes vont devoir emprunter.

Et en Suisse?

Du côté de la formation et de la recherche suisse, cela bouge: la HES-SO a ouvert un centre IA qui connecte les HES de Suisse occidentale aux besoins et défis des PME et PMI régionales; l’EPFL a également réagi et propose de nombreuses formations et travaux de recherche dans les domaines de l’IA et de la «cobotique», et le centre Dalle-Molle (Idiap) de Martigny a nommé un nouveau directeur dont l’un des axes de recherche concerne les systèmes autonomes.

Du côté des industriels cela avance aussi: juste quelques exemples comme Stäubli, ABB et d’autres entreprises importent des savoir-faire d’ailleurs comme Chromos avec les robots collaboratifs d’Universal Robots, et quelques start-up comme Rovenso ou Ascento, etc.

Et au niveau gouvernemental: il manque souvent une vision plus globale du rôle que pourrait jouer la Suisse dans ces technologies émergentes de l’IA. En effet, les sociétés d’informatique suisses sont, elles, loin derrière leurs compétiteurs américains, chinois, coréens ou japonais. Ça manque d’audace et de cadre pour explorer toutes les possibilités et les expérimenter concrètement pour créer la valeur ajoutée qui fait notre renommée.

Face à la concurrence des programmes américains (IRA, un plan ambitieux de relocalisation industriel sur leur propre sol) et européen (Net-Zero Industry Act, un plan industriel vert), le gouvernement fédéral paraît hésiter à mettre les gros moyens. Et pourtant le terreau suisse est fertile et la nécessité de transformer notre industrie est vitale.