En laissant tomber abruptement l'accord-cadre avec l'Union européenne le 26 mai dernier, le Conseil fédéral a marqué le plus bel autogoal de l'histoire de la diplomatie suisse.
Renoncer, sans consulter ni le Parlement ni le peuple, à pérenniser cette voie bilatérale qui nous a tant apporté, c'est faire preuve d'une certaine naïveté, voire d'une certaine d'arrogance. Car comment imaginer que notre pays, qui tire une bonne partie de sa prospérité en ouvrant les frontières avec l'UE, pourra entretenir des relations fructueuses avec son grand voisin à l'avenir? Sans plan B, c'est plombé.
Il faut le rappeler: en l'absence d'accord institutionnel, les bilatérales vont tomber une à une, reléguant peu à peu la Suisse au rang peu enviable d'Etat tiers. Nous avons déjà eu un aperçu de cette triste perspective avec l’accord sur la reconnaissance mutuelle des produits médicaux, échu à fin mai. Si la plupart des medtech s’y sont préparées en recourant à un système de mandataires, un risque de pénurie de dispositifs médicaux et de perte de compétitivité existe réellement. Certaines de ces sociétés seront peut-être même tentées de délocaliser leur production. Voilà qui n'augure rien de bon pour notre industrie d'exportation.
C'est un fait: notre pays a davantage besoin de l'Europe que l'inverse.
Les partis politiques et les syndicats n'ont pas tardé à s'engouffrer dans cette brèche réglementaire. Le problème, c'est que les diverses solutions envisagées ne sont plus guère crédibles: qu'il s'agisse de l'adhésion à l'UE ou de celle à l'Espace économique européen, nul doute que le souverain aurait tôt fait de rappeler que notre pays préfère de loin la voie bilatérale. Et comme celle-ci se lézarde suite à la décision de nos sept «Sages», on mesure l'impasse qui se profile à l'horizon. L'idée avancée par Berne d'adapter de manière unilatérale le droit suisse au droit européen ne constitue pas un plan B.
Cette situation ubuesque est d'autant plus dommageable que la Suisse se doit d'entretenir de bonnes relations avec l'Europe des 27, qui reste notre principale partenaire commerciale. C'est un fait: notre pays a davantage besoin d'elle que l'inverse. Diversifier ses marchés est une bonne chose, mais nous ne pourrons pas nous passer des 450 millions de consommateurs de l'UE.
Retrouver le chemin de Bruxelles sera incontournable, mais assurément tortueux. Et au prix de combien de détours? On attend du Conseil fédéral qu'il reprenne la route dans la bonne direction.