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Accord-cadre avec l’UE: le jour d’après

Par Carmelo Laganà

"Il n’en demeure pas moins qu’une relation stable, et à long terme, avec l'UE et ses États membres reste de la plus haute importance pour l'économie suisse."
Keystone
"Il n’en demeure pas moins qu’une relation stable, et à long terme, avec l'UE et ses États membres reste de la plus haute importance pour l'économie suisse."
Carmelo Laganà
Economiesuisse - Suppléant romand
08 juin 2021, 16h52
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Un camion transportant des dispositifs médicaux fabriqués en Suisse a été arrêté la semaine dernière à la frontière slovène, parce que les certificats des produits transportés ne répondent plus aux nouvelles normes européennes. Surprenant? Pas vraiment, hélas. Car depuis la fin formelle des discussions sur l’accord-cadre, décrétée par le Conseil fédéral le 26 mai dernier, les produits de l’industrie des technologies médicales sont traités, à tous égards, comme des biens provenant d’un pays tiers.

Fini donc l’accès facilité au marché intérieur européen et à ses quelques 450 millions de consommateurs pour la technologie médicale suisse, qui compte 1400 entreprises – dont des centaines de PME, et 63.000 employés. Comme le relève la faîtière Swiss Medtech, les coûts administratifs liés au respect des exigences posées aux États tiers sont estimés à 75 millions de francs chaque année.

Une brindille pour certains; un vrai problème, en réalité. Car les sociétés non-européennes souhaitant établir leur siège en Europe trouveront désormais notre pays nettement moins attractif, en raison de toute la paperasserie à compléter liée au statut d’État tiers; sans parler que des start-up suisses pourraient s’installer dans l’UE plutôt qu’en Suisse pour les mêmes raisons. Autrement dit: une perte d’attractivité de notre place économique, synonyme de moins de places de travail et de moins de rentrées fiscales pour financer les prestations sociales de l’Etat.

L'objectif primordial de la politique économique extérieure de la Suisse doit rester de préserver au mieux les avantages de la voie bilatérale.

Mais ce n’est pas tout. Parmi les autres dossiers épineux demeure, entre autres, la question irrésolue depuis 2007 de l’électricité. Avec ses 41 points d’interconnexion avec ses voisins, la Suisse est une plaque tournante. Or, bien que notre pays ait participé à la fondation du réseau interconnecté européen en 1958, il n’a plus le droit de participer aux mécanismes de marché européens, faute d’un accord avec l’UE. La Suisse produit certes assez d’électricité pour subvenir à ses besoins, mais en hiver, elle devient ultra-dépendante de ses voisins. Ce manque chronique va s’aggraver davantage avec l’arrêt progressif des centrales nucléaires d’ici 2030, et avec l’accroissement des besoins en électricité – dû au remplacement des énergies fossiles. Un accord est donc nécessaire, mais depuis le 26 mai dernier, le dossier n’est plus en haut de la pelle des préoccupations européennes. L’accord-cadre n’est plus. Dont acte.

Il n’en demeure pas moins qu’une relation stable, et à long terme, avec l'UE et ses États membres reste de la plus haute importance pour l'économie suisse. L'objectif primordial de la politique économique extérieure de la Suisse doit rester de préserver au mieux les avantages de la voie bilatérale. Le jour d’après, il est donc nécessaire de stabiliser les accords existants et de minimiser les dégâts, autant que faire se peut.

C’est un défi énorme, certes, mais nous devons le relever avec toutes les forces progressistes du pays, si nous voulons préserver les intérêts généraux de la Suisse.