Au sortir de la crise Covid, quelques secteurs spécifiques annonçaient une pénurie de personnel. Cette réalité a depuis fait tache d’huile, couvrant de multiples branches. Changement des aspirations ou désengagement des travailleurs étrangers entre autres, les domaines de la santé, de la restauration et de l’hôtellerie continuent d’en souffrir. Aujourd’hui, on ne compte plus les entreprises, urbi et orbi, secteurs après secteurs, qui font état d’un manque de main-d’œuvre préoccupant.
Quant au taux de chômage, il reste insolemment bas. Le marché du travail est sec. Cela pourrait illusoirement laisser croire que nous vivons un plein-emploi et que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Il n’en est malheureusement rien. Les défauts de personnel cachent en réalité un mal bien plus profond, dont les effets collatéraux éclatent au grand jour. Et nous en payons le prix fort.
Il serait illusoirement de croire que nous vivons un plein-emploi et que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes
Philippe Miauton
A force de n’avoir tressé des lauriers qu’aux seules voies gymnasiales et académiques, nous avons oublié la richesse de notre système dual. Un système d’apprentissage que nous envient pourtant nos voisins, loin à la ronde. Parents, professeurs, pédagogues, voire autorités, ont tous pêché sa valeur dans leurs visions. Mais ils ont négligé, quand ce n’est pas déprécié, les débouchés dans la formation professionnelle. Au final, cela a asséché les filières, privant notre économie d’une main-d’œuvre vitale.
Si l’on considère le seul domaine de la transition énergétique, on pourrait décider de mener une politique volontariste de pose de panneaux solaires pour rattraper le temps perdu ces dix dernières années. Reste qu’il nous manquerait les monteurs à même de les installer… Pour répondre à ces défis énergétiques, on évalue qu’il faudrait entre 300.000 et 400.000 postes et autant d’employés. Une réalité qui pousse certains politiques, dans d'autres pays, à remettre au goût du jour le statut de saisonnier, pourtant décrié politiquement.
Rattraper le retard devient urgent, mais tout n’est pas noir heureusement! Dans le canton de Vaud, à la faveur d’un changement de majorité, le discours sur l’apprentissage est largement remis au goût du jour. Un premier pas qui permettra de tordre le bras à la désinformation professionnelle qui a régné ces dernières années.