Jusque-là ça tient, mais jusqu’à quand? C’est ce qui ressort de l’étude conjoncturelle d’automne de la CVCI, qui présente un bilan économique 2022 plutôt positif pour les entreprises vaudoises. La marche des affaires s’avère «bonne à excellente» pour 43% des sondés, alors que 14% d’entre eux annoncent une situation plus pessimiste de «mauvaise à médiocre».
Voyons le verre à moitié plein! Compte tenu des crises à répétition, de la situation des prix, notamment de l’électricité, nous revenons de loin. Cela permettra à l’économie vaudoise d’augmenter les salaires de 2,1% en moyenne en 2023, pour répondre à l’inflation, et d’envisager renforcer leurs effectifs pour plus d’un quart des entreprises interrogées – seules 6% des structures annoncent devoir les réduire.
Les signaux rassurants de 2022 ne signifient cependant pas une sortie du tunnel et un retour à un rythme de croisière. Bien au contraire. Les sujets de craintes sont légion, à commencer par l’incertitude et la stagnation du dossier «accord-cadre» avec l’UE.
Face à autant de signaux d’alerte – et beaucoup n’ont pas été cités – nos politiques seraient bien inspirés de remettre nos conditions-cadres à plat et d’en définir les nouveaux contours
Philippe Miauton
Dans le domaine de l’électricité, même si la Confédération semble calmer le jeu, les risques de contingentement planent. Plus de 60% des sociétés industrielles n’auraient d’autre choix que d’arrêter partiellement leur production, alors qu’une interruption totale est même évoquée par un tiers des entités de moins de 30 collaborateurs. Et que dire de l’approvisionnement en matières premières qui se révèle sec. Deux tiers des entreprises industrielles révèlent souffrir de cette réalité.
Manifestement, face à autant de signaux d’alerte – et beaucoup n’ont pas été cités – nos politiques seraient bien inspirés de remettre nos conditions-cadres à plat et d’en définir les nouveaux contours. De réfléchir aux futurs besoins pour éviter de se retrouver Gros Jean comme devant.
Rappelons que ce sont notamment nos conditions-cadres qui ont permis au canton de Vaud de traverser les crises de ces quinze dernières années, nous démarquant de nos voisins. D’aucuns ont même parlé de «miracle vaudois». Mais encore une fois, attention au risque de l’oreiller de paresse. Un reset est plus que nécessaire. Ces trois touches sur le clavier qui nous sauvent parfois. Un «ctrl + alt + delete» dans la formation, le soutien à la croissance et à l’innovation, les politiques d’investissements dans les start-up, la production d’énergie, ainsi que dans nos infrastructures et j’en passe. Car nos voisins, eux, dopent leur politique industrielle – certes avec un brin de «quoi qu’il en coûte»… — attirant les entreprises et créant les conditions qui nous manqueront si nous n’agissons pas.