Dans le tourbillon des mauvaises nouvelles qui nous assaillent et nous démoralisent surgissent parfois de bonnes surprises. Comme les conclusions de la récente COP de la Convention sur la biodiversité appelées «Faire la paix avec la nature», titre de la synthèse soumise par la Chine, pays qui nous avait peu habitués à ce type d’engagements.
Des contenus à la hauteur des attentes
«Faire en sorte que [...] d'ici à 2030, au moins 30% des zones terrestres, des eaux intérieures et des zones côtières et marines, en particulier les zones revêtant une importance particulière pour la biodiversité et les fonctions et services écosystémiques, soient effectivement conservées [...] en respectant les droits des peuples autochtones et des communautés locales» est une de ses mesures phare. Les valeurs actuelles pour les terres fermes sont de 17% et de 10% pour les mers, largement insuffisantes pour la survie des espèces. Simultanément au moins 30% des surfaces «dégradées» de ces mêmes milieux devront avoir «fait l’objet d’une restauration effective».
L’on devra aussi «réduire les risques de pollution [...] de toutes sources [...] à des niveaux qui ne sont pas nuisibles à la biodiversité [...] en tenant compte des effets cumulatifs, notamment en réduisant de moitié au moins l'excès de nutriments perdus dans l'environnement» et «de moitié au moins le risque global lié aux pesticides et aux produits chimiques hautement dangereux».
Autant de raisons de rester ferme sur le «verdissement» des politiques agricoles! D’ailleurs, l’agroécologie est citée parmi les pratiques de gestion durable «des superficies consacrées à l’agriculture, à l’aquaculture, à la pêche et à la sylviculture» et de maintien de leur «productivité à long terme». Il s’agit aussi de réduire «de moitié le gaspillage alimentaire mondial».
«Verdir» la production, la consommation et les politiques publiques
Côté consommation il faudra «veiller à ce que les personnes soient encouragées et habilitées à faire des choix de consommation durable». Et côté production, «s’assurer que les grandes entreprises et les institutions financières transnationales [...] contrôlent, évaluent et divulguent régulièrement [...] leurs [...] impacts sur la biodiversité» afin de contribuer à «garantir des modes de production durables».
Les Etats doivent «assurer la pleine intégration de la biodiversité et de ses multiples valeurs» dans l’ensemble de leurs activités, y compris «le cas échéant» dans «la comptabilité nationale». Ils devront aussi «renforcer la communication, la sensibilisation, l'éducation...».
Enfin, il convient d’«identifier d'ici à 2025 [...] les incitations [...] néfastes pour la biodiversité» et de les réduire «d'au moins 500 milliards de dollars par an d'ici à 2030». Et 200 milliards de dollars, de toutes sources, devront être mobilisés d’ici à 2030 pour «les stratégies et plans d’action nationaux». Concernant notre pays, une recherche avait recensé voici trois ans 162 subventions fédérales nocives à la biodiversité pour un montant total de quelque 40 milliards de francs/an, 40 fois plus que ce que la Confédération consacre à la biodiversité...
Quels espoirs de réalisation?
Reste que nous avons pris l’habitude du grand écart entre les textes et les actes; l’Accord de Paris, dont les mesures de mise en œuvre ne sont pas à la hauteur de la dynamique climatique, et le climatoscepticisme persistant le soulignent. Aux Etats-Unis, les républicains font campagne contre la finance durable, mettant en demeure les fonds d’investissement comme Black Rock de ne pas appliquer l’exigence de l’Accord de Paris de «rendre les flux financiers compatibles avec un [...] développement à faible émission de gaz à effet de serre».
En matière de biodiversité, le Plan 2011-2020 pour la diversité biologique adopté lors d’une précédente COP et concrétisé par les 20 Objectifs d’Aichi était resté largement sans effets. Pour qu’il en soit ici autrement, il faudra l’engagement de tous les secteurs d’activité.