Le sous-traitant de l’industrie pharmaceutique Lonza a embauché l’actuel patron de son modeste homologue Siegfried, Wolfgang Wienand, pour reprendre le poste de directeur général (CEO) temporairement occupé par son président, Albert Baehny. Cette passation de témoin, agendée dans le courant de l’été, scellera la disparition d’Albert Baehny des deux organes dirigeants de la multinationale rhénano-valaisanne, souligne Lonza dans un communiqué mardi.
Désormais septantenaire, Albert Baehny a commencé sa carrière chez Serono-Hypolab, avant d’œuvrer dans les années 1980 et 1990 pour les chimistes Dow Chemicals, ainsi que Ciba Geigy. Le tournant des années 2000 marque son accession à des fonctions dirigeantes, chez Wacker Chemie dans un premier temps, puis Geberit, dont il prendra la direction générale en 2005 pour la conserver jusqu’en 2014.
Il inaugurera chez l’équipementier de salles d’aisance la pratique des doubles casquettes, accédant dès 2011 à une présidence du conseil d’administration qu’il occupe toujours.
Chez Lonza, Albert Baehny avait en tant que président assuré un premier intérim à la tête de l’exécutif de fin 2019 à fin 2020, suite à un départ subit de Mark Funk motivé par des «raisons personnelles» et après moins d’une année en poste. Il a récidivé à l’automne dernier, dans le sillage immédiat de la perte de l’important contrat pour les vaccins Covid-19 de Moderna et du départ subséquent de Pierre-Alain Ruffieux, fruit d’un «commun accord».
Le retrait d’Albert Baehny de l’organe de surveillance de Lonza à l’occasion de la prochaine assemblée générale ordinaire agendée au mois de mai, au profit de l’actuel président du brasseur néerlandais Heineken Jean-Marc Huët, avait été annoncé fin janvier.
Siegfried hérite de la période de transition
Reto Suter, trésorier du laboratoire argovien, assurera la transition au faîte de l’exécutif de Siegfried dans l’attente du recrutement d’un nouveau titulaire, indique le laboratoire argovien dans un communiqué distinct, saluant au passage la contribution de son prédécesseur au développement de l’entreprise.
Wolfgang Wienand avait intégré le groupe zofingien en août 2010 en qualité de responsable scientifique, avant d’en reprendre les rênes début 2019. Il avait auparavant œuvré pour le compte du chimiste de spécialités allemand Evonik Industries.
Sous sa houlette, le chiffre d’affaires de la firme argovienne est passé de 833,5 millions en 2019 à 1,27 milliard de francs l’an dernier. Le bénéfice net a été multiplié par plus de deux à 128 millions sur la période. Son futur employeur a généré en 2023 des recettes de 6,72 milliards, pour un gain net de 655 millions.
Le transfert de patron constitue autant une bonne nouvelle pour Lonza qu’un défi pour Siegfried, considèrent les analystes. Si Wolfgang Wienand dispose de plus de connaissances des petites molécules, quand Lonza se concentre plutôt sur les grosses molécules, la pertinence de sa nomination ne fait aucun doute aux yeux de Sibylle Bischofberger, chez Vontobel.
L’experte de la banque de gestion zurichoise juge par contre primordial pour Siegfried de dénicher un nouveau patron à même de maintenir l’entreprise sur la voie de la croissance.
A 10h30, la nominative Lonza s’enrobait de 0,3% à 541,60 francs, dans un SMI en retrait de 0,18%. Siegfried trébuchait simultanément de 4,0% à 884,00 francs, dans un SPI en recul de 0,13%. (AWP)