Avec Sophie Marenne, depuis Davos
La neige a finalement recouvert les rues de Davos et le froid est attendu cette semaine, jusqu’à -14°C selon MétéoSuisse. L’hiver fait ainsi son retour après des semaines anormalement chaudes alors que débute ce lundi la 53e réunion annuelle du Forum économique mondial (WEF) et dont le thème s’intitule «Coopération dans un monde fragmenté».
Quelque 2700 leaders de 130 pays s’y retrouvent pour la première fois selon le calendrier habituel. La pandémie avait conduit à l’annulation de l’édition de 2021. L’an passé, la réunion s’était tenue au printemps. Une cinquantaine de chefs d’Etat et de gouvernement, du G7 et du G20 notamment, feront le déplacement, de même que quelque 1500 dirigeant d’entreprises. Pas moins de 19 banquiers centraux, dont Thomas Jordan de la Banque nationale et Christine Lagarde de la Banque centrale européenne (BCE), se rendront aussi dans la station grisonne.
Parmi les 450 sessions et ateliers organisés jusqu’à vendredi matin, quels seront les trois sujets les plus marquants? La sélection de L’Agefi.
1. Récession ou pas?
Le programme du WEF indique que quatre sessions aborderont spécifiquement le sujet de la récession. Une dizaine d’autres, centrées sur l’inflation, l’évoqueront de manière indirecte. Mais pour deux tiers des économistes en chef interrogés par le Forum, la messe est dite: l’économie mondiale connaîtra une récession en 2023, selon un sondage publié lundi. Parmi les quelque 36 spécialistes interrogés figurent notamment Samy Chaar de Lombard Odier et Paul Donovan d’UBS.
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Les attentes des économistes ont été revues à la baisse tant pour l’Europe que pour les Etats-Unis. De son côté, la Chine ne devrait connaître qu’une croissance «faible ou très faible». Une note d’optimisme toutefois: l’inflation devrait ralentir. Le phénomène est déjà visible en Suisse ou en Allemagne. Le Fonds monétaire international s’attend à une hausse des prix de 6,5% cette année dans le monde, contre 8,8% en 2022.

Ces perspectives seront peut-être commentées par les leaders politiques présents au WEF. Ce mardi, Liu He, le vice-premier ministre chinois, ainsi qu’Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, s’exprimeront devant les participants.
2. Guerre ou paix?
Sur la centaine de sessions à l’agenda, seules quatre mentionnent clairement le mot «paix» dans leur titre. Et huit sont directement liées à la guerre en Ukraine et à ses suites, contrastant avec l’édition 2022 où cet enjeu était omniprésent. L’intervention par visioconférence du président Volodymyr Zelensky, le 23 mai, avait constitué un des moments forts du sommet, qui s'était tenu trois mois seulement après le début de l’invasion russe. Près d’un an plus tard, l'enlisement du conflit mais aussi l’arrêt progressif des exportations de gaz russe, les solutions de compensation de l’Union européenne et un début d’hiver clément en font un enjeu moins central du programme.
La délégation ukrainienne est moins importante qu’en mai dernier. Elle est notamment composée du ministre de la Transformation numérique, Mykhailo Fedorov, et de sa collègue de l’Economie, Ioulia Svyrydenko. En plus de sa participation à un panel sur les technologies au service de la sécurité nationale, cette dernière s’entretiendra avec les conseillers fédéraux Ignazio Cassis et Guy Parmelin. S’exprimera aussi la première dame ukrainienne, Olena Zelenska, dont l’intervention sur place n’a été dévoilée que la semaine passée par l'ambassade d'Ukraine à Berne et qui a atterri, lundi, à l’aéroport de Zurich.

Parmi les personnalités attendues sur cet enjeu, la première ministre finlandaise Sanna Marin qui discutera des «points de vulnérabilité» de l’Europe, alors que l'adhésion de son pays à l'Otan, ainsi que celle de la Suède, est attendue en 2023. Justement, le secrétaire général de l'Alliance atlantique Jens Stoltenberg abordera aussi la question de la sécurité du Vieux continent alors qu’en 2022, il avait tancé les participants au WEF en soulignant que «la liberté est plus importante que le libre-échange».
Boycottés par le WEF, les Russes seront absents des débats pour la deuxième année consécutive.
3. Décarbonation ou pas?
La transition énergétique constitue un des grands sujets de discussion. Pas moins de 34 sessions y seront consacrée. Le climat en occupera 69, de loin le thème qui revient le plus dans le programme.
Preuve de l’intérêt des participants, les places pour la session à laquelle participera Al Gore, «La décarbonisation: un défi insurmontable?», ont été prises d’assaut en quelques minutes, dès l’ouverture du programme à la réservation la semaine passée. L’ancien vice-président des Etats-Unis, corécipiendaire du Prix Nobel de la paix 2007 avec le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), aura peut-être l’occasion de croiser des représentants d’Indian Oil, Soccar, le groupe pétrolier d’Azerbaïdjan, ou encore d’Adnoc, celui d’Abu Dhabi.
La corruption des politiques & la perte de crédibilité des institutions internationales devrait être des sujets abordés au sein du Davos, mais ils s'occupent du climat qui est directement influencé par l'activité solaire et non par le carbone.
