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COP26: les dirigeants adoptent un ton de guerre à Glasgow face au climat

La plupart des chefs d'Etat et de gouvernement ont sonné lundi la charge contre le réchauffement climatique. Guy Parmelin a demandé à tous les grands émetteurs une neutralité carbone d'ici 2050.

COP26: les dirigeants adoptent un ton de guerre à Glasgow face au climat
Keystone
01 novembre 2021, 19h24
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«Pied de guerre», «armée climatique», défi pour James Bond. Lundi à Glasgow, la plupart des chefs d'Etat et de gouvernement ont sonné la charge contre le réchauffement climatique. Guy Parmelin a demandé à tous les grands émetteurs une neutralité carbone d'ici 2050.

Au premier des deux jours du sommet de quelque 130 dirigeants à la COP26, le secrétaire général de l'ONU a appelé à maintenir une limite de 1,5°C du réchauffement comme objectif. Une volonté affichée le week-end dernier par les pays du G20 à Rome, même s'ils n'ont donné aucune séquence claire pour l'atteindre.

Il est «illusoire» de penser que les efforts annoncés par les pays jusqu'à présent suffiront, a insisté Antonio Guterres. Selon un rapport récent, ceux-ci ne permettront pas de faire mieux que 2,7°C. Alors, il faut que les Etats dévoilent de nouveaux objectifs avant même la fin de la COP, a affirmé le président français Emmanuel Macron. «C'est le seul moyen de recrédibiliser» l'approche de 1,5°C décidé il y a six ans à Paris.

Premier émetteur mondial, la Chine, qui ne souhaite une neutralité carbone que pour 2060, n'a pas honoré la conférence de la présence physique de son président Xi Jinping. Une absence que certains considèrent comme un très mauvais signal politique, alors que Washington demande à Pékin d'en faire davantage.

Il faut que tous les Etats à cette COP affichent des objectifs clairs de réduction des émissions d'ici 2030, a insisté le président de la Confédération Guy Parmelin. Sans mentionner Pékin, il a appelé les grands émetteurs notamment à une neutralité carbone d'ici 2050.

Fenêtre d'action «étroite» selon Biden

Récemment, le Groupe intergouvernemental d'experts sur le climat (GIEC) a brandi la menace d'une extension de 1,5°C dès 2030, plus tôt que prévu. Avec comme conséquences, la multiplication des inondations ou les sécheresses qui vont déplacer des millions de personnes.

L'Amazonie émet désormais davantage qu'elle n'absorbe, a déploré Antonio Guterres. Même 2°C d'augmentation signifierait la fin d'îles comme Antigua et Barbuda ou les Maldives, a asséné la cheffe du gouvernement de la Barbade, réputée pour ses discours vibrants parmi les pays en développement.

Symbole de la tâche considérable à Glasgow, le premier ministre britannique Boris Johnson a repris des tonalités de la Seconde Guerre mondiale dans son discours et en a appelé à James Bond. Mais contrairement aux films, la «machine destructrice est bien réelle», a-t-il affirmé.

Comme la chancelière allemande Angela Merkel, qui participait à sa dernière conférence internationale d'importance, et la plupart des dirigeants, il a semblé moins pessimiste que récemment et estimé une action encore possible. Mais la fenêtre est «étroite», a averti le président américain Joe Biden.

Pour le retour de son pays à une COP comme acteur du climat, il a appelé à lancer une «décennie d'ambition et d'innovation» qui peut aboutir à des milliards d'emplois dans le monde. Et il a vanté les effets de son plan de relance vert qui doit encore être approuvé par le Congrès américain.

Millions suisses additionnels

Beaucoup de dirigeants ont rappelé les défis. Outre les ambitions climatiques, le financement de l'aide pour les pays en développement après 2025 doit être garanti. Alors même que l'objectif de mobiliser 100 milliards de dollars de fonds publics et privés par an dès 2020 n'a pas été atteint.

Boris Johnson a annoncé 5 milliards de francs environ de financement pour différents mécanismes. Les Etats-Unis vont contribuer au Fonds d'adaptation sur le climat, auquel la Suisse va donner 10 millions de francs supplémentaires. Guy Parmelin a aussi annoncé un soutien d'environ 7,3 millions à la Coalition pour le climat et l'air pur.

Là où le Prince Charles voit «une guerre» à mener avec l'aide du secteur privé, le président du Conseil italien Mario Draghi, à la tête du G20, a salué «l'armée climatique» des jeunes. Cette prochaine génération a répété son inquiétude lors des discours dans le cadre du sommet de lundi.

Au total, des dizaines de milliers de délégués participent pendant deux semaines à la COP. En raison de la pandémie, chacun doit pouvoir présenter un autotest négatif chaque jour avant d'accéder au site, même en étant entièrement vacciné. Lundi, la zone de conférence était prise d'assaut, provoquant de nombreux retards sur le programme des discours. (ATS)

Parmelin appelle tous les Etats à des objectifs ambitieux pour 2030

Le président de la Confédération Guy Parmelin demande à tous les Etats des objectifs ambitieux d'ici 2030 pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C en 2100. Lundi à Glasgow, il a annoncé des financements additionnels de la Suisse.

«Nos enfants et nos concitoyens nous regardent et ils attendent de nous un engagement concret», a affirmé le président de la Confédération au sommet de plus de 130 dirigeants au deuxième jour de la COP26. Un enfant actuel en Suisse verra quatre fois plus de situations extrêmes que ses grands-parents et cinq fois plus de vagues de chaleur, a-t-il dit.

Le pays est très affecté par le changement climatique, a rappelé Guy Parmelin. Sans mentionner la Chine qui vise 2060, il affirme que tous les grands émetteurs notamment devraient atteindre la neutralité carbone «au plus tard» en 2050, comme Berne l'a prévu.

«Mais cela ne suffit pas», a-t-il ajouté. Et de souhaiter dès 2030 des objectifs importants, en faisant l'un des défis de cette COP26. Une date à laquelle la Suisse veut avoir atteint une réduction de moitié de ses émissions de gaz à effet de serre.

Autre volonté suisse rappelée par le président de la Confédération, il faut éviter un double comptage des efforts compensés auprès d'un autre pays. De même que la prise en considération de réductions déjà menées dans le passé.

Mécanisme pour l'après 2025

Guy Parmelin a appelé les dirigeants à «mobiliser les moyens financiers nécessaires pour concrétiser notre ambition». «Tous les pays qui ont aujourd'hui la capacité de le faire doivent soutenir ceux qui ont besoin» d'une assistance. (ATS)

Des scientifiques adressent une lettre ouverte à Alain Berset

Des professeurs de santé publique ont adressé une lettre ouverte à Alain Berset à l'occasion de l'ouverture lundi de la conférence de Glasgow sur les changements climatiques. Ils demandent que la Suisse adapte son système de santé aux défis du changement climatique.

Une délégation s'est réunie sur la Place fédérale à Berne en milieu d'après-midi. La lettre signée par plus de 1000 personnes rappelle que «le dérèglement climatique représente la plus grande menace pour la santé dans le monde au 21e siècle».

Les spécialistes de santé publique, présidents de sociétés médicales et professionnels de la santé demandent que la Suisse mette tout en oeuvre pour respecter les engagements visés par la COP26. Il s'agit notamment d'élaborer un plan national pour mettre en place un système de santé adapté aux maladies dues au changement climatique.

Et Berne devrait publier une feuille de route garantissant un système de santé à faible émission de carbone. Ce domaine représente 6,7% du total des émissions de carbone en Suisse. Pour les signataires, surtout romands, la Confédération a tardé à agir face à l'ampleur du défi.

Impact déjà perceptible

«Nous sommes déjà confrontés chaque jour à l'impact sur les patients et communautés de la détérioration de l'environnement et du climat», écrivent les auteurs de la lettre, énumérant la hausse des cas de maladies respiratoires et cardio-vasculaires liées à l'air pollué ou les décès dus aux vagues de chaleur.

La lettre appelle le ministre de la Santé à déclarer publiquement l'urgence nationale sanitaire, climatique et environnementale. Elle lui demande aussi de mener une action de décarbonisation en coordination avec les autres départements. Des assemblées citoyennes devraient être réunies pour décider des mesures à prendre.

Parmi les signataires figurent entre autres Valérie D'Acremont, médecin infectiologue, cheffe du secteur Santé numérique et globale, à Unisanté (Lausanne), Antoine Flahault, directeur de l'Institut de santé globale à l'Université de Genève ou Nino Künzli, épidémiologiste de l'Institut tropical et de santé publique suisse (Swiss TPH) à Bâle. (ATS)

L'Inde vise la neutralité carbone pour 2070

L'Inde s'est fixé comme objectif d'atteindre la neutralité carbone en 2070, a annoncé à Glasgow le premier ministre indien, Narendra Modi.

«D'ici 2070, l'Inde atteindra l'objectif de zéro émissions nettes» de carbone, a-t-il dit dans un discours prononcé lundi.

L'annonce de nouveaux objectifs climatiques de l'Inde, quatrième émetteur au monde de gaz à effet de serre derrière l'Union européenne, était très attendue.

Et Narendra Modi a précisé d'autres objectifs visant à lutter contre le réchauffement climatique.

L'Inde accroîtra ainsi d'ici 2030 «ses capacités énergétiques non fossiles» de 50 GigaWatts à 500 GW et elle assurera d'ici la même année 50% de ses besoins en énergie par des sources renouvelables.

«D'ici 2030 l'Inde réduira l'intensité carbone de son économie de 45%», a également déclaré Narendra Modi, accroissant ainsi de 10 points de pourcentage ses promesses initiales de réduction de ses émissions de CO2 rapportées au PIB par rapport à 2005.

L'accord de Paris au terme de la COP21 en 2015 évoquait l'objectif d'«équilibre» entre émissions et absorption des gaz à effet de serre «au cours de la deuxième moitié du siècle».

Sous la pression de l'ONU, de plus en plus de pays s'engagent pour cette neutralité carbone, la plupart pour 2050, quelques-uns pour 2060 ou 2045. (ATS)

De nombreux enjeux

Et les enjeux de cette conférence qui doit durer deux semaines sont nombreux, plus difficiles et explosifs les uns que les autres dans un contexte de pandémie mondiale qui a fragilisé les pays pauvres déjà vulnérables aux impacts du dérèglement climatique.

D'abord l'ambition. Les engagements actuels des quelque 200 signataires de l'accord de Paris – s'ils étaient respectés – mèneraient à un réchauffement «catastrophique» de 2,7°C selon l'ONU.

«J'espère qu'au sommet (de lundi et mardi), nous verrons de nouveaux engagements qui aideront à construire la confiance et la conviction que nous pouvons limiter le réchauffement à +1,5°C», a déclaré dimanche le président de la COP26 Alok Sharma. «Ces soi-disant leaders doivent faire mieux. Ils ont une autre occasion» à la COP26, a insisté de son côté Namrata Chowdhary, de l'ONG 350.org.

Alors que la Chine vient de formellement déposer ses nouveaux engagements climat qui reprennent sans les renforcer les promesses faites par le président Xi Jinping, l'Inde, autre émetteur majeur, est désormais au centre des attentes.

Autre sujet brûlant, la promesse toujours non tenue des pays riches de porter à 100 milliards de dollars par an à partir de 2020 leur aide climat aux pays en développement. L'objectif a de facto été repoussé de trois ans à 2023, renforçant la crise de confiance entre le Nord, responsable du réchauffement, et le Sud, victime de ses effets.

«Indifférents»

«La finance climat n'est pas de la charité. C'est une question de justice», a souligné dimanche Lia Nicholson, au nom de l'alliance des petits Etats insulaires (AOSIS), dénonçant aussi le refus de grandes économies de sortir du charbon.

Les prévisions des experts climat de l'ONU (Giec) qui estiment que le seuil de +1,5°C pourrait être atteint dix ans plus tôt que prévu, autour de 2030, sont «terrifiantes», a-t-elle ajouté. «Encore plus terrifiantes pour ceux d'entre nous qui sont en premier ligne de cette crise, en subissant déjà les conséquences terribles» dans un monde qui a gagné environ 1,1°C.

«Malgré tout, il semble que certains n'aient pas peur, ou pire, qu'ils soient indifférents», a insisté cette négociatrice. Des propos qui devraient trouver un écho lundi et mardi dans les discours de chefs d'Etats et de gouvernement d'Afrique ou du Pacifique.

Si les présidents chinois et russe ne sont pas attendus à Glasgow, des dizaines d'autres doivent défiler à la tribune pendant deux jours, de l'Américain Joe Biden à l'Australien Scott Morrison, en passant par tous les dirigeants de l'UE, et le prince Charles qui remplace la reine Elisabeth II mise au repos.

Leurs paroles et leurs actes seront scrutés de prêt notamment par les jeunes militants qui ont fait le déplacement à Glasgow malgré les obstacles liés à la pandémie. ««En tant que citoyens de cette planète, nous vous appelons à affronter l'urgence climatique», plaident dans une lettre ouverte plusieurs d'entre eux, dont la Suédoise Greta Thunberg arrivée dimanche en train en Ecosse. «Pas l'année prochaine. Pas le mois prochain. Maintenant.»(AWP)

Attendu à la COP26, Erdogan rentre en Turquie

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé qu'il ne participerait pas à la conférence climat de l'ONU (COP26) à Glasgow (Royaume-Uni), invoquant des motifs de "sécurité", a rapporté lundi l'agence de presse étatique Anadolu.(ATS)