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Ce qu'il faut retenir du sommet du G20

Climat, taxation, pandémie, voici un tour d'horizon des principaux points forts de la réunion de deux jours à Rome. Les engagements pris par les chefs d'Etats en ont laissé beaucoup sur leur faim avant la COP26.

Si les pays du G20 n'arriveront pas les mains totalement vides à la conférence de Glasgow sur le climat, les engagements sur lesquels ils se sont entendus dimanche à Rome en ont laissé beaucoup sur leur faim.
Keystone
Si les pays du G20 n'arriveront pas les mains totalement vides à la conférence de Glasgow sur le climat, les engagements sur lesquels ils se sont entendus dimanche à Rome en ont laissé beaucoup sur leur faim.
01 novembre 2021, 7h20
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Les dirigeants des 20 pays les plus riches de la planète ont réussi à se mettre d'accord sur le climat et la taxation des multinationales, tout en s'engageant sur la relance post-pandémie et l'aide aux pays pauvres.

Voici un tour d'horizon des principaux points du communiqué publié dimanche à l'issue d'une réunion de deux jours à Rome.

Climat

Le G20 réaffirme l'objectif de l'accord de Paris, à savoir "maintenir l'augmentation moyenne des températures bien en-dessous de 2 degrés et poursuivre les efforts pour la limiter à 1,5 degré au-dessus des niveaux pré-industriels".

Mais il va un peu plus loin en ajoutant: "Conserver (l'objectif de) 1,5 degré à portée nécessitera des actions et des engagements significatifs et efficaces de tous les pays".

Les pays du G20 se sont également entendus pour arrêter "d'ici la fin de 2021" de subventionner de nouveaux projets de centrales électriques au charbon, mais seulement à l'étranger.

Quant à la date à fixer pour atteindre la neutralité carbone, 2050 ou 2060, le "milieu du siècle" est la formulation retenue par le G20. Un horizon moins précis que la date de 2050 voulue notamment par la présidence italienne du G20.

Le G20 "réaffirme" l'engagement de "viser à mobiliser ensemble 100 milliards de dollars par an (...) jusqu'en 2025" pour permettre aux pays en développement de faire face au changement climatique.

Pour la première fois les dirigeants évoquent aussi "l'utilisation de mécanismes de tarification du carbone", alors que le Fonds monétaire international (FMI) presse les pays les plus pollueurs à adopter un prix plancher du carbone pour combattre le changement climatique.

Taxation internationale

Les pays du G20 ont entériné l'accord sur la taxation internationale, qui ambitionne de mettre fin aux paradis fiscaux, les dirigeants saluant "une réussite historique à travers laquelle nous établirons un système fiscal international plus stable et plus juste".

Cet accord avait été conclu début octobre sous l'égide de l'OCDE par 136 pays, qui représentent plus de 90% du PIB mondial. La réforme devrait permettre à ces pays de dégager environ 150 milliards de dollars de recettes supplémentaires par an grâce à un impôt minimal de 15% sur les multinationales.

Un Etat pourra taxer les profits d'une de ses entreprises nationales, qui aurait été imposée à l'étranger à un taux inférieur, à ce taux minimum afin de compenser l'écart.

L'autre volet consiste à réaffecter une part de l'impôt sur les bénéfices payés par les multinationales aux pays où elles réalisent leurs activités. L'impôt ne sera donc plus dû uniquement là où leurs sièges sociaux sont installés.

Objectif: éviter que les multinationales et surtout les Gafa (acronyme désignant les géants Google, Amazon, Facebook et Apple) paient des impôts dérisoires au regard de leurs revenus.

Aide aux pays en développement

Les pays du G20 s'engagent à reverser aux pays vulnérables 100 milliards de dollars sur le montant global de 650 milliards de dollars de droits de tirage spéciaux (DTS) émis par le FMI pour affronter la crise causée par la pandémie. Les promesses de dons s'élèvent jusqu'ici à environ 45 milliards de dollars.

Ils "saluent les progrès réalisés dans le cadre" du moratoire sur le paiement des intérêts de la dette des pays les plus pauvres décidé par le G20 en avril 2020 et qui expire à la fin de l'année.

A ce jour, 50 pays sur les 73 éligibles ont demandé et obtenu un report du paiement des intérêts, pour un montant de 12,7 milliards de dollars, selon des estimations préliminaires.

Pandémie et vaccins

"Pour contribuer à atteindre les objectifs mondiaux de vacciner au moins 40% de la population dans tous les pays d'ici fin 2021 et 70% d'ici mi-2022", comme le recommande l'OMS, les pays du G20 s'engagent à prendre des "mesures pour aider à renforcer la fourniture de vaccins et de produits médicaux de base dans les pays en développement".

Dans ce but, le G20 promet d'"éviter les restrictions aux exportations et à accroître la transparence et la visibilité dans la livraison des vaccins".

Reprise post-pandémie

Les dirigeants du G20 s'engagent à "éviter de retirer prématurément des mesures de soutien" afin de "continuer à soutenir la reprise", tout en surveillant l'inflation.

Les Banques centrales "agiront si besoin pour remplir leur mission, au nombre desquelles la stabilité des prix".

Les pays du G20 resteront "vigilants sur les défis mondiaux qui ont un impact sur nos économies, telles que des perturbations dans les chaînes d'approvisionnement".

Des "espoirs déçus"

"Si Glasgow échoue, tout échoue". Au sortir d'un G20 qui a déçu jusqu'au patron de l'ONU concernant la lutte contre le changement climatique, l'hôte de la cruciale COP26 démarrée dimanche en Ecosse a lancé un avertissement solennel.

"Nous avons fait des progrès au G20 (...), mais ce n'est pas assez", a alerté le Premier ministre britannique Boris Johnson depuis Rome, où se tenait une réunion des 20 pays les plus riches de la planète.

Car si les pays du G20 n'arriveront pas les mains totalement vides à la conférence de Glasgow sur le climat, les engagements sur lesquels ils se sont entendus dimanche à Rome en ont laissé beaucoup sur leur faim.

Je quitte Rome avec des espoirs déçus - même s'ils ne sont pas enterrés

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres


"Je salue l'engagement renouvelé du G20 en faveur de solutions au niveau mondial, mais je quitte Rome avec des espoirs déçus - même s'ils ne sont pas enterrés", a déclaré sur Twitter le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.

Comme de nombreux dirigeant mondiaux, il se rendait ensuite en Ecosse pour la COP26, une réunion de deux semaines considérée comme cruciale pour l'avenir de l'humanité. Après une ouverture formelle dimanche, elle sera vraiment lancée lundi et mardi par un sommet.

"Si le G20 était une répétition générale pour la COP26, alors les leaders mondiaux ont raté leur réplique", a regretté Jennifer Morgan, directrice exécutive de Greenpeace International. Et de promettre qu'à Glasgow, où de nombreux militants s'apprêtent à manifester, "nous exigerons les actions manquantes pour protéger de la crise climatique comme du Covid-19".

"Tout ce que nous avons vu (au G20), c'était des demi-mesures plus que des actions concrètes", a renchéri Friederike Röder, vice-présidente de Global Citizen.

"Nous devons avoir en tête que ce n'est que le début", a défendu le Premier ministre italien Mario Draghi, dont le pays présidait le G20 cette année, "nous allons pas à pas".

Joe Biden a affirmé qu'il y avait eu des "résultats tangibles", tout en se disant "déçu" que la Chine et la Russie ne se soient pas "montrées" au sommet.

La chancelière allemande sortante Angela Merkel a quant à elle estimé que la réunion du G20 constituait "un bon signal avant Glasgow".

Les décisions du G20 sur le climat étaient d'autant plus attendues que ce groupe, qui réunit les principales économies développées (UE, Etats-Unis) mais aussi de grands émergents comme la Chine, la Russie, l'Inde ou le Brésil, représente 80% des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

Glasgow sera "le dernier et le meilleur espoir" de parvenir à limiter le réchauffement de la planète à +1,5°C, objectif le plus ambitieux de l'Accord de Paris, a prévenu dimanche en ouvrant la conférence Alok Sharma, président de la COP26. Et les leaders mondiaux peuvent "faire le succès ou enterrer l'espoir de garder l'objectif de à +1,5°C à portée".

"L'humanité est face à des choix difficiles, mais clairs", a renchéri la responsable climat de l'ONU, Patricia Espinosa.

Terrain inconnu

Le communiqué final du G20 a bien réaffirmé les objectifs de Paris, tout en insistant sur le fait que "conserver (l'objectif de) 1,5°C à portée nécessitera des actions et des engagements significatifs et efficaces de tous les pays".

Or ce sont bien les engagements précis qui manquent, comme sur le charbon, grosse source de pollution carbone, sur lequel le G20 n'a pas donné d'objectifs nationaux. Beaucoup de pays, notamment émergents, restent très dépendants de cette source pour leur production électrique, a fortiori dans le contexte actuel de crise énergétique mondiale.

Pas de date précise non plus pour atteindre la neutralité carbone. Le G20 évoque seulement le "milieu du siècle". Un horizon moins précis que l'horizon de 2050 voulu notamment par la présidence italienne du G20.

Déception aussi sur un autre dossier brûlant de la COP, l'aide climatique aux pays pauvres. L'engagement des plus riches de 100 milliards de dollars par an à partir de 2020 ne sera pas tenu... avant 2023.

Pourtant, les effets de la crise climatique se font toujours plus sentir, sécheresses, canicules mortelles, méga-feux, inondations... Et les pauvres sont souvent en première ligne.

L'Organisation météorologique mondiale (OMM) a ajouté dimanche une page au dossier, annonçant que les sept années de 2015 à 2021 seront probablement les plus chaudes jamais enregistrées, et prévenant que le climat mondial entrait en "terrain inconnu".(AWP)