La pression en faveur d’une nouvelle période de confinement aussi en Suisse ne cesse d’augmenter en vue de la conférence de presse du Conseil fédéral de ce vendredi. Elle permettrait certainement de faire abaisser les nouvelles infections au coronavirus. Avec un coût cependant qui est loin d’être négligeable. Le conseiller fédéral Alain Berset a articulé dans L’Illustré le chiffre d’une perte de 375 millions de francs par semaine qu’engendrerait une fermeture des seuls restaurants et bars.
Nous avons demandé à des économistes de l’évaluer. Tant le KOF qu’Economiesuisse ont jugé impossible de donner des estimations chiffrées. «Pour les coûts, le type de confinement qui sera finalement décidé est déterminant. Si seulement les restaurants et les bars étaient concernés, dont une partie se trouve déjà au chômage partiel, ils ne seraient pas si immenses. Les revenus des repas de fin d’année et d’autres fêtes sont de toute façon déjà perdus. En revanche, dans le commerce de détail, il est évident que des restrictions en décembre coûteraient plus cher qu’au printemps», analyse l’économiste Rudolf Minsch d’Economiesuisse. Les confinements à l’échelle de l’économie mondiale ne restent pas sans conséquences sur l’économie suisse non plus: «cela pèse pour la deuxième fois sur les exportations. Nous nous attendons à un dernier trimestre 2020 et premier trimestre 2021 moroses», ajoute Rudolf Minsch.
Effets asymétriques des mesures sanitaires
Les experts de BAK Economics avaient ajusté leur prévision de diminution totale du PIB générée par le Covid-19 à 62 milliards de francs d’ici fin 2022, selon leur scénario de base. Une reprise plus lente que prévu pourrait alourdir cette facture à 93 milliards. L’économiste en chef de BAK Economics Martin Eichler relève une certaine asymétrie: «Quelques-unes des mesures sont très dures à supporter pour les secteurs concernés, par exemple les restaurants, mais n’ont pas des conséquences si dramatiques à l’échelle de l’économie dans son ensemble. Des effets saisonniers importants seraient à craindre du côté des meubles et de l’habillement, qui génèrent une part très importante de leur chiffre d’affaires en fin d’année. Cependant, beaucoup de clients ont probablement déjà effectué leurs achats de Noël ou vont les reporter sur le commerce en ligne. Du côté du tourisme, c’est surtout une fermeture des domaines skiables en janvier, voire février qui se ferait fortement ressentir.»
Coût journalier inférieur à celui du confinement de ce printemps
La pondération des différents facteurs qui distingueraient un nouveau confinement de celui de ce printemps conduit Martin Eichler à estimer grossièrement un coût par jour ouvrable à 250 millions en cas d’un confinement strict, au lieu de 750 millions lors de ce printemps. «Du côté de la production, les chaînes de création de valeur fonctionnent, alors que ces problèmes avaient représenté environ un tiers du coût lors du premier confinement. De surcroît, dans un bon nombre de cantons, il y a déjà des restrictions. Ces 250 millions représentent uniquement le coût supplémentaire», détaille-t-il.
Il ne faut cependant pas trop se focaliser sur les effets à court terme uniquement. «Si un confinement strict, mais plutôt court permet de faire baisser les infections et de mettre en place des mesures de prévention plus efficaces, de sorte à faire disparaître l’incertitude, cela pourrait représenter une meilleure option pour l’économie que des mesures moins restrictives qui se prolongent», pondère Martin Eichler.
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