• Vanguard
  • Changenligne
  • FMP
  • Rent Swiss
  • Gaël Saillen
S'abonner
Publicité

L'Autriche confine sa population et impose la vaccination

"Augmenter durablement le taux de vaccination est le seul moyen de sortir de ce cercle vicieux", a estimé M. Schallenberg, jugeant qu'il s'agissait du "ticket de sortie" de la pandémie.

Le chancelier autrichien a annoncé un confinement jusqu'au 13 décembre, une décision qui n'a "pas été facile à prendre" et qui sera réévaluée dans dix jours.
Keystone
Le chancelier autrichien a annoncé un confinement jusqu'au 13 décembre, une décision qui n'a "pas été facile à prendre" et qui sera réévaluée dans dix jours.
19 novembre 2021, 15h00
Partager

L'Autriche va confiner dès lundi l'ensemble de sa population et a décidé de rendre la "vaccination obligatoire" à partir du 1er février. Elle devient ainsi le premier pays de l'UE à prendre de telles mesures face à la résurgence des cas de Covid.

Il faut "regarder la réalité en face", a déclaré le chancelier conservateur Alexander Schallenberg lors d'une conférence de presse dans le Tyrol, après des discussions avec l'ensemble des gouverneurs de régions.

"Malgré des mois de travail de persuasion, nous n'avons pas réussi à convaincre suffisamment de gens de se faire vacciner", a-t-il souligné, déplorant la surcharge actuelle des unités de soins intensifs.

"Ticket de sortie"

"Augmenter durablement le taux de vaccination est le seul moyen de sortir de ce cercle vicieux", a estimé M. Schallenberg, jugeant qu'il s'agissait du "ticket de sortie" de la pandémie.

Si un nombre croissant de pays impose un certificat de vaccination pour certaines catégories, comme le personnel de santé, très peu dans le monde imposent la vaccination à toute leur population adulte.

C'est le cas dans deux États autoritaires d'Asie centrale, le Tadjikistan et le Turkménistan, ainsi qu'au Vatican. Territoire français du Pacifique sud disposant d'une large autonomie, la Nouvelle-Calédonie a également décidé d'imposer la vaccination à compter de fin décembre.

Confinement

Le chancelier autrichien a par ailleurs annoncé un confinement jusqu'au 13 décembre, une décision qui n'a "pas été facile à prendre" et qui sera réévaluée dans dix jours. Il a dit être conscient qu'on demandait "énormément" aux vaccinés, "parce que trop de gens n'ont pas fait preuve de solidarité".

En Europe, la pandémie s'emballe et plusieurs pays ont annoncé un durcissement des restrictions ces derniers jours.

Les responsables allemands ont décidé jeudi d'imposer de sévères restrictions aux non-vaccinés et ouvert la voie à une obligation vaccinale pour les personnels soignants, tandis que la Grèce interdit aux non vaccinés d'entrer dans les espaces fermés, à l'exception des lieux de restauration.

Depuis lundi déjà en Autriche, les deux millions de personnes non vaccinées n'avaient plus le droit de quitter leur domicile sauf pour faire leurs courses, du sport ou pour des soins médicaux.

Ecoles encore ouvertes

Désormais, l'ensemble de la population de 8,9 millions d'habitants est concernée par la mesure dans ce pays au taux de vaccination de 66%, soit légèrement en deçà de la moyenne européenne, malgré l'instauration d'un pass sanitaire dès le printemps.

Les écoles restent ouvertes pour l'instant mais les parents sont encouragés à garder les enfants à la maison s'ils le peuvent. Le télétravail est fortement recommandé.

Les restrictions qui avaient été récemment prises par le gouvernement ont entraîné une nette hausse du nombre d'inscriptions dans les centres de vaccination.

"Dictature"

Mais le nombre de cas continue d'augmenter, se situant à des niveaux inédits depuis l'émergence de la pandémie: jeudi, plus de 15'000 nouvelles contaminations ont été enregistrées.

"Nous avons trop de forces politiques dans ce pays qui s'opposent avec véhémence" à la vaccination, a fustigé le chancelier, dénonçant un "attentat contre notre système de santé".

Une manifestation soutenue par le parti d'extrême droite FPÖ est prévue samedi à Vienne et des milliers de personnes sont attendues. Son chef anti-vaccins, testé positif au coronavirus, ne pourra pas y assister. "L'Autriche est maintenant une dictature"!, a lancé Herbert Kickl vendredi face aux nouvelles mesures.


Pfizer demande aussi que son vaccin soit autorisé pour les enfants

L'entreprise pharmaceutique Pfizer souhaite que son vaccin contre le Covid-19 développé en collaboration avec Biontech soit également autorisé en Suisse pour les enfants de cinq à douze ans. Elle a déposé une demande en ce sens auprès de l'Institut des produits thérapeutiques Swissmedic.

La demande s'appuie notamment sur une étude menée sur plus de 4600 enfants du groupe d'âge concerné, a indiqué Swissmedic vendredi. Les sujets ont reçu une dose réduite par rapport à la vaccination des adultes.

Mercredi, le fabricant de vaccins Moderna avait déjà déposé une demande d'extension de l'autorisation de mise sur le marché de son vaccin pour que celui-ci puisse être aussi administré à l'avenir aux enfants de six à douze ans. Les vaccins de Pfizer/Biontech et de Moderna sont déjà autorisés en Suisse pour les enfants et les adolescents à partir de douze ans.

Le cas du restaurant réfractaire à Zermatt (VS) n'a pas fait des émules ailleurs en Suisse romande.
Keystone
Le cas du restaurant réfractaire à Zermatt (VS) n'a pas fait des émules ailleurs en Suisse romande.

Plus de 15 fermetures de restaurants en Suisse romande

Le cas du restaurant réfractaire à Zermatt (VS) n'a pas fait des émules ailleurs en Suisse romande. Si des dénonciations pour non respect des contrôles du certificat Covid dans les établissements publics ne sont pas rares, les fermetures administratives de cafés-restaurants ou de musées sont moins fréquentes.

Selon un tour d'horizon effectué par Keystone-ATS auprès des autorités et polices des six cantons romands, aucun cas aussi "extrême" que celui de Zermatt ne s'est produit depuis la prolongation de l'obligation de présenter le passeport sanitaire. Trois autres cantons signalent toutefois des fermetures: Genève, Vaud et Neuchâtel.

"Sur la base de dénonciations, nous avons eu à intervenir pour sanctionner 17 établissements publics. Parmi ceux-ci, 14 ont été fermés", indique Silvain Guillaume-Gentil, chargé de communication à la police cantonale genevoise. Mais "sur la base de la volumétrie du nombre d'établissements publics à Genève, on constate que la très grande majorité se comporte bien", tient-il à nuancer.

Fermeture d'un musée

Le canton de Vaud ne recense qu'un seul cas, dans la région de Montreux, pour refus de procéder au contrôle du certificat Covid. La gérante a fait recours et le Tribunal administratif doit encore trancher sur un éventuel effet suspensif, précise le chef de l'Etat-major cantonal de conduite (EMCC), Denis Froidevaux.

Un autre cas vaudois concerne un musée. Le Fort Chillon, à côté du château, a aussi fermé ses portes, mais de sa propre initiative en guise de protestation contre le passeport sanitaire. Ses responsables ont ainsi court-circuité les menaces de fermeture de la part du canton. Un recours en justice sur ces menaces est pendant, selon M. Froidevaux.

Dans le canton de Neuchâtel, il a été procédé à la fermeture administrative de deux établissements publics depuis l'introduction du certificat Covid, selon Pierre-François Gobat, chef du Service de la consommation et des affaires vétérinaires. "Une dizaine d'avertissements avant fermeture ont été infligés, qui ont été respectés jusqu'ici", ajoute-t-il.

Cas zermattois isolé

En Valais, le cas zermattois n'a pas fait non plus des émules ailleurs dans le canton. Même les dénonciations sont plutôt rares, selon la police cantonale.

S'agissant du restaurant de la station de ski, la commune a retiré la patente aux tenanciers pour une durée indéterminée. L'établissement est donc toujours fermé, confirme Frédéric Favre, chef du Département de la sécurité, des institutions et du sport.

Les trois exploitants - un couple et leur fils - ont été arrêtés le 31 octobre après avoir refusé à plusieurs reprises de respecter les règles sanitaires. Deux jours plus tôt, la police cantonale avait notifié aux restaurateurs la décision du Conseil d'Etat de fermer l'établissement, initialement jusqu'au 12 novembre, car ils refusaient de contrôler le certificat Covid de leurs clients.

La demande de détention provisoire d'un mois demandée par le Ministère public a été refusée par le tribunal des mesures de contrainte. Les tenanciers espèrent rouvrir prochainement, selon leur site internet.

La majorité joue le jeu

Sinon, dans l'ensemble, tant les tenanciers que les clients "jouent le jeu" et "tout se passe assez bien" dans l'application des mesures de l'ordonnance fédérale Covid pour les établissements publics, affirment les différents responsables cantonaux. Aucun n'indique un nombre élevé de transgressions à répétition de ces normes sanitaires, ni de cas flagrants de non-respect du contrôle du certificat Covid.

Si certaines polices cantonales évoquent un certain nombre de dénonciations, de la part de clients, de témoins ou de concurrents, elles relèvent qu'un simple rappel de la loi, une remise à l'ordre voire un avertissement suffisent à corriger le tir. Le dialogue et la sensibilisation restent de mise et sont efficaces, explique-t-on.

Un bémol en revanche, la vérification de la carte d'identité dans la foulée du contrôle du certificat Covid du client, comme le relève pour Vaud le chef de l'EMCC. "C'est finalement la situation la plus délicate que l'on observe", souligne M. Froidevaux.

Contrôles variables

Autre observation: dans les cafés et restaurants de quartier avec une clientèle très fidèle et régulière, les contrôles sont moins systématiques. Inutile en effet de contrôler à chaque fois un habitué qui vient chaque jour, voire plusieurs fois par jour, dans le même bistrot. Les polices défendent ici une certaine souplesse.

Le nombre d'inspections varie, lui, d'un canton à l'autre. Tous déclarent en faire encore très régulièrement, soit via la police du commerce ou les polices municipales et cantonales.

Vaud semble en tête, avec entre 200 et 300 contrôles en moyenne par semaine. Neuchâtel effectue près de 100 inspections hebdomadaires. A l'inverse, le canton du Jura parle d'une à deux visites par jour. Mais dès l'entrée en vigueur du pass Covid, "l'ensemble des quelque 200 cafés-restaurants et bars ont été contrôlés dès le début, dans une démarche d'accompagnement", explique un porte-parole de la police cantonale.(AWP/ATS)