D’entente avec les autorités cantonales, le Conseil fédéral devrait annoncer mercredi un nouveau tour de vis pour contrer la propagation du coronavirus. Parmi les mesures proposées aux cantons, figure la fermeture des établissements publics à 22 heures sur l’ensemble du territoire helvétique. Une disposition que le Valais et le Jura ont déjà prise, alors que Neuchâtel, Fribourg et Genève ont fixé la limite à 23 heures, contre minuit pour Vaud.
Le gouvernement pourrait aussi interdire les réunions de famille et entre amis de plus de quinze personnes. Cette interdiction, déjà valable dans plusieurs cantons, concernerait notamment les anniversaires et les mariages.
Si elles entrent en vigueur dans toute la Suisse, ces restrictions mettraient les restaurants, déjà affaiblis par les fermetures de ce printemps, au bord du gouffre. Gastrosuisse a tiré la sonnette d’alarme mardi.
Des coupes à hauteur de 40% dans le personnel
Selon l’organisation faîtière, les établissements essuient annulation sur annulation du fait de la règle d’au maximum quatre personnes par table. Cette règle est valable dans un certain nombre de cantons.
En outre, face à l’incertitude actuelle, il devient très dur de gérer les stocks, tout comme le personnel. «Si aucune aide supplémentaire nous est accordée, notre secteur pourrait perdre jusqu'à 100.000 emplois, soit 40% des effectifs de l’hôtellerie et de la restauration», s’inquiète, devant la presse, le président de l’association, Casimir Platzer. Selon l’Office fédéral de la statistique (OFS), 33.000 postes de travail ont déjà été biffés dans cette branche au premier semestre.
D’après un sondage de Gastrosuisse, la quasi-totalité des établissements ont vu leur chiffre d’affaires reculer cette année. «Pour près de la moitié d’entre eux, la faillite guette dès 2021», avertit Casimir Platzer. Un restaurant sur dix se dit gravement touché par les effets de la pandémie. La situation est particulièrement préoccupante dans les grandes villes qui perdent des clients, notamment du fait du télétravail.
Le président de Gastrovalais, André Roduit, enfonce le clou: «je crains un effondrement général de la branche et une crise sans précédent, si la situation persiste et que la saison d’hiver ne peut pas se dérouler comme prévu».
Pas question de fermer
La réponse de Gastrosuisse à ce marasme se veut plurielle. Déjà, elle souhaite à tout prix éviter une deuxième fermeture alors qu’elle affirme que son plan de protection fonctionne bien.
La faîtière demande aussi de débloquer de l’argent rapidement pour les cas de rigueur, ainsi qu’une simplification des procédures d’autorisation pour les constructions extérieures et les extensions de terrasses. Elle exige également l’entrée en vigueur de la loi sur les baisses de loyers et une prolongation du chômage partiel.
Au côté de l’hôtellerie et de la restauration, c’est l’ensemble du secteur touristique qui souffre. Celui-ci devrait essuyer une perte de plus de dix milliards de francs cette année, indique mardi le KOF. L’institut de recherche zurichois table sur une baisse des nuitées hôtelières entre 30 et 50% pour cet hiver. Et la situation ne devrait pas se normaliser avant 2022.
Sous pression
Un contexte qui accentue encore la pression sur le Conseil fédéral. Après plusieurs cantons et les restaurateurs, c’est au tour des syndicats et des milieux patronaux de requérir un coup de pouce financier de la Confédération en faveur des entreprises les plus touchées par la crise. L’Union patronale suisse (UPS), l’Union suisse des arts et métiers (Usam) et l’Union syndicale suisse (USS) demandent de débloquer au plus vite des aides à fonds perdus.
Les clubs et festivals de musiques actuelles sollicitent, quant à eux, le retour du soutien instauré ce printemps aux indépendants et la création d’un fonds de garantie en cas d’annulation de spectacle. Du soutien, le personnel de santé en réclame aussi. Il est descendu dans la rue pour obtenir notamment une prime Covid-19.