Cela fait seize ans que la gauche règne sur les deux sièges genevois à la Chambre haute fédérale. Mais lors du premier tour de l’élection au Conseil des Etats en octobre dernier, Mauro Poggia, ancien conseiller d’Etat sous la bannière du Mouvement citoyens genevois (MCG), a devancé le duo rose-vert formé de Carlo Sommaruga et de Lisa Mazzone qui, tous deux, se représentent à leur propre succession.
Ainsi, le 12 novembre, lors du deuxième tour, les cartes pourraient être redistribuées. D’autant que la droite s’est regroupée au sein d’une alliance pour soutenir le candidat du MCG ainsi que l’UDC Céline Amaudruz. Le résultat paraît ouvert. Cette alliance MCG-UDC n’est cependant pas du goût de tous: certaines voix du Centre, comme son ancienne présidente Béatrice Hirsch au nom des femmes de ce parti, se sont ouvertement désolidarisées en affirmant qu’elles ne voteront pas pour Céline Amaudruz. Du côté de la gauche, l’unité est de mise, avec le maintien de son ticket rose-vert du premier tour.
Reste maintenant à savoir où se reporteront, entre autres, les votes du Centre et ceux des Verts’libéraux qui n’ont pas donné de consigne de vote.
Face à ce scrutin inédit, L’Agefi a interrogé les quatre candidats ayant obtenu les meilleurs résultats au premier tour sur des thèmes économiques qui comptent pour les entreprises.
Troisième épisode: la compétitivité fiscale de la Suisse dans le cadre de la réforme de l’OCDE.
Comment préserver la compétitivité de la Suisse alors que la réforme fiscale de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) limite notre avantage en la matière?

Céline Amaudruz: Cette réforme était nécessaire afin de ne pas perdre des recettes fiscales qui seraient parties à l’étranger. Mais au-delà de l’imposition des entreprises, il faut aussi offrir des conditions fiscales intéressantes pour les collaborateurs afin que les sociétés implantées en Suisse puissent recruter des talents. Sans oublier de mettre en avant les autres avantages de notre pays: la sécurité physique, mais aussi énergétique, le faible taux de chômage et le haut niveau d’éducation offert aux enfants, entre autres.

Lisa Mazzone: Se mettre au diapason des autres pays de l’OCDE en matière de fiscalité était nécessaire et plutôt sain. Je pense cependant que nous devrions davantage mettre l’accent sur nos entreprises locales et pas seulement les grandes entreprises que la Suisse essaie d’attirer par une fiscalité attrayante. Il faut soutenir plus intensément l’économie circulaire, les circuits courts et les sociétés actives et engagées dans la transition énergétique.

Mauro Poggia: La Suisse n’est pas compétitive que par sa fiscalité. Sécurité, qualité de l’enseignement, capacité à soutenir les entreprises, plusieurs aéroports importants sont aussi ses attraits.
Les règles qui seront imposées par l’OCDE, pour autant qu’elles soient appliquées avec rigueur partout, ne devraient pas être un handicap majeur pour notre pays. Le problème c’est plutôt la gauche qui parle systématique de redistribution des richesses. Ce sont des Robin des bois autoproclamés, facteurs d’imprévisibilité.

Carlo Sommaruga: Beaucoup de chefs d’entreprise disent que leur présence en Suisse n’est pas prioritairement liée à la question fiscale, mais à l’ensemble des conditions offertes par notre pays, comme un aéroport performant, des réseaux de communication efficaces, la sécurité, une excellente qualité de vie pour les collaborateurs ou encore une offre culturelle importante. Je suis d’accord avec eux. Ce sont ces conditions cadre qu’il faut conserver.
Mais il n’y a pas lieu de chercher à faire de nouveaux avantages fiscaux aux grandes entreprises. Cela serait injuste vis-à-vis des PME qui, elles, paient plein pot.

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