Un an après l'approbation du congé paternité, une majorité de salariés n'ont le droit qu'au minimum légal. Les besoins des jeunes familles sont trop peu pris en compte, en particulier dans l'artisanat, les administrations cantonales et la santé, estime Travail.Suisse.
"Les pères d'aujourd'hui veulent être présents", a avancé jeudi devant les médias Adrian Wüthrich, le président de la faîtière syndicale Travail.Suisse. Deux tiers des papas salariés ne reçoivent que le minimum légal, à savoir un congé de dix jours ouvrables, a déploré Marco Geu, secrétaire central de Syna. "Mais la plupart d'entre eux souhaitent quatre semaines."
Selon les résultats de l'enquête "Baromètre Conditions de travail", menée par Travail.Suisse et la Haute école spécialisée bernoise auprès de 1413 personnes actives, une majorité de salariés (65%) ne bénéficient que du congé paternité minimal de deux semaines, tandis que 19% peuvent prendre entre 11 et 19 jours et 16% plus de 19 jours. Les jeunes travailleurs en particulier ne sont pas satisfaits de sa durée.
Différences massives
Les différences sont parfois massives selon les branches, relève Travail.Suisse. "L'artisanat et le secteur de la santé sont les plus avares, avec une moyenne de 10 à 11 jours. Les besoins des jeunes salariés ne sont pas pris assez en compte dans ces secteurs", a relevé Thomas Bauer, responsable de la politique sociale à Travail.Suisse.
Le syndicat s'est par ailleurs étonné que les employés cantonaux ne reçoivent presque partout que le minimum légal, contrairement à ceux des municipalités, qui bénéficient pour la plupart d'un congé plus long.
Des prestations généreuses sont offertes notamment dans l'informatique et la communication, ainsi que par l'industrie pharmaceutique. Dans ces branches, la moyenne est de 30 à 31 jours de congé.
Pour une accumulation avec les CCT
M. Geu s'est référé à un avis de droit du professeur Thomas Geiser, de l'Université de St-Gall, confirmant que le congé paternité doit en règle générale être ajouté aux dispositions des conventions collectives de travail. Un avis juridique ignoré par la majorité des employeurs, a-t-il pointé. "En tant que syndicat, nous devons maintenir la pression."
La lutte doit également se poursuivre sur le plan politique, ajoute le communiqué. La conseillère nationale Greta Gysin (Verts/TI), coprésidente de transfair, a déposé deux motions au Parlement, l'une pour l'introduction d'une protection contre le licenciement des pères lors de la naissance d'un enfant et l'autre pour l'application du congé paternité lors du décès de l'enfant.
Les Suisses ont accepté le 27 septembre 2020 l'introduction d'un congé paternité avec 60,3% de "oui". Depuis le début de l'année, les pères ont le droit de prendre deux semaines de congé dans les six mois qui suivent la naissance de leur enfant. (AWP)