Après une folle envolée en 2021 et 2022, le cours de la plupart des matières premières est retombé sur terre l’an dernier. Parfois brutalement. L’indice CyclOpe, qui synthétise les plus importantes d’entre elles, a chuté de 14%. Certaines matières premières, comme le lithium ou l’huile de palme, ont à un moment perdu, respectivement, jusqu’à 80% ou 50% de leur valeur.
Pour expliquer ce retournement, il suffit d’observer la situation économique à travers le globe. Le ralentissement conjoncturel ainsi que l’inflation ont freiné l’engouement pour les voitures électriques dans les pays développés. En Chine, la faiblesse de la conjoncture a aussi pesé sur la demande mondiale de matières premières.
Dans le même temps, les circuits empruntés par le commerce international se sont adaptés aux guerres et aux tensions géopolitiques. L’Ukraine parvient finalement à exporter ses céréales. De son côté, la Chine s’approvisionne en pétrole russe bon marché. Autant d’adaptations qui ont contribué à la chute des cours.
Cette année pourrait réserver de nouvelles surprises. Impossible de prédire comment tournera l’agression de Moscou contre Kiev et quelle conséquence elle aura sur l’économie mondiale. Aux Etats-Unis, le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche paraît tout sauf irréaliste. Son programme, qui envisage de taxer à 60% les importations chinoises, bouleverserait l’ordre économique international. Difficile d’imaginer que le cours des matières premières ne réagisse pas.
Ce contexte rappelle, s’il le fallait, à quel point les négociants jouent un rôle central pour nourrir la planète ou pour lui permettre d’accomplir la décarbonation de son économie. Ce numéro spécial raconte d’ailleurs l’histoire de quatre matières premières indispensables à notre vie quotidienne, le blé, le café, le LNG et le cuivre. Des matières qu’il convient donc de continuer à exploiter, malgré les défis posés par le réchauffement climatique et les contraintes géopolitiques.
C’est aussi l’occasion de raconter l’écosystème qui les entoure et en particulier l’importance du capital humain, nul secteur n’échappant à la pénurie de personnel qualifié. Car au fond, la saga des matières premières nous montre qu’il s’agit aussi de celle d’une aventure humaine.