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Une approche sélective de l'ESG

Les méthodologies de notation ne peuvent que refléter la réalité de manière limitée et modéliser les risques effectifs de manière approximative.

Une approche sélective de l'ESG
KEYSTONE
Loreno Ferrari
Bellevue Asset Management - Spécialiste produit senior
Jean-Pierre Gerber
Bellevue Asset Management - Spécialiste produit senior
02 mai 2023, 7h00
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Les notations ESG des instituts spécialisés dans l'analyse de durabilité ont pour objectif principal de mesurer la résistance d'une entreprise ou d'un fonds face à des risques ESG importants. Par le biais d'approches propres, une multitude de données qualitatives et quantitatives sont collectées, traitées, évaluées et finalement réduites à une valeur de mesure. Les sources de données sont des rapports annuels, des documents d'ONG, des rapports environnementaux et d'autres informations disponibles publiquement. Les entreprises peuvent être directement contactées par le biais de questionnaires, ou le paysage médiatique peut être analysé à l'aide d'une intelligence artificielle à la recherche de critères ESG définis.

Les méthodologies de notation ESG ne peuvent refléter la réalité que de manière limitée et ne peuvent modéliser les risques effectifs de durabilité que de manière approximative. Dans des secteurs comme la biotechnologie, certaines méthodologies ne tiennent pas vraiment compte des différents degrés de maturité des entreprises. La méthodologie ESG d'un acteur renommé accorde, par exemple, une grande importance au facteur «accès aux médicaments», qui mesure le volume des ventes de médicaments sur les différents marchés, lors de l'évaluation des entreprises de biotechnologie. Plus une entreprise de biotechnologie approvisionne les marchés en médicaments, comme dans les pays émergents, plus ce critère est considéré durable.

Une approche sélective de l'ESG

Les jeunes sociétés innovantes qui ne génèrent pas encore de chiffre d'affaires sont systématiquement sous-évaluées. Par ailleurs, des études montrent que les petites et moyennes capitalisations sont généralement moins bien notées en matière de durabilité que les grandes. Cela s'explique notamment par le fait que les petites ne disposent pas des ressources nécessaires pour répondre aux exigences toujours plus grandes en matière de durabilité.

Les investisseurs doivent aussi analyser si un portefeuille est particulièrement durable lorsqu'il est orienté exclusivement sur des «leaders ESG», soit des entreprises qui, grâce à leur taille et à leur maturité, ont acquis historiquement une note ESG très élevée. Un portefeuille qui investit délibérément dans des «entreprises à la traîne» avec un momentum ESG positif, misant ainsi sur un changement positif de processus ou de produits, peut également entrer en ligne de compte.

Toutefois, les notations agrégées ne devraient être considérées que comme un critère de sélection parmi d'autres. En pratique, les fonds durables peuvent tout à fait afficher des notations ESG inférieures à celles des fonds non durables. En y regardant de plus près, cette apparente contradiction s'explique notamment par l'application d'exclusions, l'accent mis sur des thèmes de durabilité, l'utilisation structurée de pratiques d'engagement ou l'exercice actif des droits de vote.

Les grilles de classification et les mesures réglementaires – par exemple la classification des fonds selon les articles 6, 8 ou 9 conformément au règlement de publication de l'UE 2019/2088 ou la définition d'un quota pour «investissements durables» de l'UE 2021/1253 relatif à MiFID II – peuvent offrir une aide complémentaire. Les fonds de développement durable dédiés avec des approches relativement plus strictes s'alignent en outre le plus souvent sur les prescriptions des normes de qualité internationales, comme par exemple le label FNG ou l'écolabel autrichien UZ49.