Vers 01H00 GMT, l'indice vedette Nikkei lâchait 1,94% à 29.908,33 points, tandis que l'indice Topix chutait de 1,93% à 2.059,64 points.
La Bourse de New York comme les autres marchés mondiaux ont flanché lundi sous le coup des craintes liées à la situation du promoteur immobilier Evergrande, croûlant sous les dettes, et dont l'éventuelle faillite pourrait conduire à un "Lehman chinois", selon certains analystes.
Hong Kong, seule Bourse asiatique majeure ouverte lundi, a ainsi lâché 3,30% à la clôture, suivie par l'Europe puis Wall Street. Et au lendemain d'un week-end de trois jours, Tokyo accusait également le coup mardi.
"La proportion des exportations japonaises à destination de la Chine est supérieure à celles des Etats-Unis ou de l'Europe, ce qui rend (le marché japonais, NDLR) plus sensible aux inquiétudes de ralentissement de l'économie chinoise", a estimé Hideyuki Ishiguro de Nomura Asset Management, cité par Bloomberg.
Du côté des valeurs
Le constructeur automobile Honda (-3,13% à 3.340 yens) a annoncé samedi que ses lignes de production japonaises opéraient à environ 40% du volume initialement prévu pour la période août-septembre en raison de la pénurie de semi-conducteurs et de retards dans la livraison d'autres pièces liés à la pandémie. Honda prévoit des conséquences sur sa production d'octobre également.
Son compatriote Toyota (-1,55% à 9.864 yens) avait par ailleurs déclaré vendredi prévoir des interruptions temporaires de sa production en octobre au Japon. Au début du mois, le groupe avait révisé sa production totale à la baisse pour l'exercice 2021/22 commencé en avril, à 9 millions de véhicules.
Du côté des devises et du pétrole
Le yen baissait par rapport au dollar, à raison d'un dollar pour 109,59 yens vers 01H00 GMT contre 109,44 yens lundi à 21H00 GMT.
Le cours du yen perdait également du terrain par rapport à la monnaie européenne: un euro s'échangeait pour 128,49 yens contre 128,33 yens la veille à 21H00 GMT.
Un euro valait par ailleurs 1,1725 dollar, contre 1,1726 dollar lundi à la fin des échanges sur le marché mondial des devises.
Le marché du pétrole reprenait des couleurs après des inquiétudes sur la demande, notamment chinoise: vers 00H50 GMT le prix du baril américain de WTI gagnait 0,65% à 70,75 dollars et celui du baril de Brent de la mer du Nord progressait de 0,5% à 74,29 dollars.(AWP)
Inquiétude mondiale
Lundi, l'Europe et Wall Street affichaient un net recul.
A la Bourse de New York, l'indice vedette Dow Jones a perdu 1,78%, l'indice élargi S&P 500 1,70% et l'indice Nasdaq, à forte composante technologique, 2,19%.
Sur le Vieux Continent, toutes les places ont fini dans le rouge: Paris a cédé 1,74%, Milan 2,57%, Francfort 2,31% et Londres 0,86%. A Zurich, le SMI a terminé en recul de 1,42%.
Signe de l'aversion des investisseurs pour les actifs risqués, les emprunts d'État étaient particulièrement recherchés: en conséquence, le taux américain à dix ans reculait à 1,31%.
L'économie chinoise avait déjà montré ces dernières semaines de nombreux signes d'affaiblissement, tant dans la consommation que dans la production.
Or, "tout ralentissement de l'économie chinoise aurait des répercussions importantes sur la demande de produits de base, étant donné que la Chine est le plus grand consommateur au monde de nombreux minéraux et métaux", continue Russ Mould, directeur de l'investissement d'AJ Bell.
Les entreprises liées aux minéraux étaient ainsi en forte baisse, comme ArcelorMittal qui a chuté de plus de 8% à Paris.
Aux préoccupations sur le sort du promoteur chinois ultra-endetté, s'ajoutaient celles sur le bras de fer au Congrès autour du plafond de la dette des États-Unis et la réunion monétaire de la Banque centrale (Fed) qui commence mardi.
La secrétaire au Trésor Janet Yellen a publié un vigoureux éditorial dans le Wall Street Journal plaidant pour un relèvement du plafond de la dette, bloqué au Congrès, au risque de provoquer "une crise financière historique".
La Réserve fédérale américaine tient sa réunion monétaire mardi et mercredi. Elle doit donner plus d'indications sur le début de la mise en oeuvre et l'étendue de la réduction de son soutien massif aux marchés par des rachats d'actifs, mais "l'incertitude autour des décisions" a aussi poussé les investisseurs à se couvrir, explique Andréa Tuéni, analyste de Saxo Banque.(AWP)

Les pratiques désespérées d'Evergrande pour échapper à la faillite
Taux d'intérêt miraculeux et placements à risque: créanciers spoliés et employés décrivent les pratiques désespérées d'Evergrande, géant chinois de l'immobilier, pour échapper à la faillite. Le mastodonte est devenu en deux décennies l'un des visages de la frénésie immobilière en Chine, quand des millions de ménages ont pu accéder à la propriété. Le groupe croule aujourd'hui sous une dette de 260 milliards d'euros, l'équivalent du PIB de la Roumanie. Fournisseurs non payés et propriétaires floués ont protesté la semaine dernière devant le siège du groupe à Shenzhen (sud). Des scènes inhabituelles dans un pays où les manifestations sont rarement tolérées. Le groupe tentaculaire conserverait plus de 1,4 million de logements en construction qu'il n'a plus les moyens d'achever et de remettre à ses propriétaires. Acculé, il propose désormais à ses créanciers de les rembourser... en nature, sous la forme de terrains ou de places de stationnement. Autant d'offres rejetées par les intéressés. "Ce que je veux, c'est de l'argent!" déclare à l'AFP un investisseur du nom de Feng. "Je ne vais même pas regarder cette offre".Face à la menace du dépôt de bilan, Evergrande a aussi poussé ces derniers mois ses salariés à vendre -- mais aussi à acheter pour eux-mêmes -- des placements très attractifs mais risqués, selon plusieurs employés rencontrés par l'AFP. L'une d'entre elles, du nom de Huang, raconte avoir réuni pas moins de 1,5 million de yuans (216'000 francs) avec l'aide de sa famille afin d'acheter ces produits. Les taux d'intérêt offraient un gain de 7% à 9%, selon des salariés et des brochures consultées par l'AFP.