Le marché obligataire suisse s’échauffe en février et subit aussi de plein fouet le changement de psychologie des investisseurs plus concernés désormais par l’évolution de l’inflation dans le monde, même si dans notre pays les statistiques récentes n’ont encore rien de commun et d’inquiétant avec celles publiées aux Etats-Unis ou en Europe. L’indice CPI suisse s’est fixé à +1,5% en décembre 2021 bien loin du niveau de +7% observé aux Etats-Unis et de +5,1% en zone euro. Sans que ce résultat ne soit donc particulièrement inquiétant en comparaison internationale, il s’agit tout de même du plus haut niveau d’inflation enregistré dans notre pays depuis 2008.
La hausse des taux longs américains avait déjà mis le feu aux poudres sur le marché obligataire en Suisse en janvier avec une progression des rendements de la Confédération à dix ans de -0,13 à +0,08%/an, qui redevenaient ainsi positifs pour la première fois depuis novembre 2018. Mais les premiers jours du mois de février voient une accélération du mouvement se mettre en place avec des taux longs de la Confédération en nette hausse. En quelques jours seulement, ceux-ci ont avancé d’environ 25 points de base et se situent désormais à 0,356%. Le taux hors risque à dix ans suisse a ainsi retrouvé son niveau de novembre 2014 contre toutes attentes et dans une certaine indifférence. On notera la corrélation élevée de la hausse des taux suisses avec l’évolution du taux de change euro/CHF qui s’est aussi envolé de +2,04% en deux jours à la suite des commentaires plus concernés par l’inflation de la BCE de jeudi 3 février et à la hausse des taux longs en euro.
Le différentiel de rendement à dix ans entre le taux du Bund allemand (0,264%) et celui de la Confédération (+0,356%) est ainsi étonnamment positif en ce début février. L’euro s’est ainsi apprécié contre le franc, alors que le différentiel de taux longs devenait en fait positif pour le franc suisse. Une poursuite de la faiblesse actuelle du franc contre l’euro notamment pourrait contribuer à renforcer la tendance haussière des prix dans notre pays qui se matérialisera d’abord par un accroissement des prix à la production et à l’importation déjà en hausse de +5,1%.