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Quid des emprunts privés en 2021 ?

La demande sera certainement au rendez-vous dans la mesure où elle offrira une alternative plus attractive que des rendements souverains négatifs.

Gianni Pugliese
Mirabaud - Analyste obligataire
17 décembre 2020, 19h56
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L’année 2020 touche à sa fin et les prévisions pour 2021 fusent. Il en ressort que si le bas niveau des rendements obligataires est un mauvais présage pour les performances à venir, les mesures annoncées par les banques centrales permettent d’espérer. Ceci est particulièrement vrai en zone euro, puisque, à l’exception des pays périphériques, les rendements souverains négatifs sont légion. Des rémunérations précaires qui se retrouvent également au sein des obligations privées de qualité en euro.

Incontournables

Néanmoins, pour les investisseurs en quête de rendement qui ne sont pas autorisés à acheter des obligations spéculatives, les emprunts privés sont devenus incontournables. Alors quelle performance peuvent-ils espérer en 2021? Les prévisions sont modérément optimistes. Modérément car leurs rendements actuels sont insuffisants pour protéger efficacement leur performance en cas de tension haussière sur les rendements. C’est pourquoi tout en envisageant une année prochaine positive, le marché garde un œil inquiet sur l’évolution des Bunds - obligations étatiques allemandes.

Rendements allemands plus élevés

En effet, les attentes de retour à la normalité se traduiront par des rendements allemands plus élevés, qui impacteront ceux des obligations privées de qualité. Cela implique qu’en l’absence de «coussin» de rendement suffisant, les primes de risques des emprunts privés devront se resserrer afin de performer, du moins en base relative.

Ce dernier point est important car, suivant l’ampleur de la hausse des coûts d’emprunts allemands, il est possible que les obligations d’entreprises surperforment les Bunds, tout en affichant une performance absolue négative. 

Voilà ce qui motive le côté prudent des prévisions. Le point de vue optimiste considère pour sa part l’anticipation de temps meilleurs, l’amélioration des fondamentaux et la diminution des déclassements de crédit de la part des agences de notation.

Achats de la BCE en progresion de 5%

Mais le facteur majeur est, encore et toujours, le concours de la BCE à travers ses achats qui auront lieu tout au long de 2021. Selon Bloomberg, le total brut de nouvelles émissions privées devrait atteindre 553 milliards d’euros l’année prochaine, une augmentation de 5% par rapport à 2020. Après remboursements de 243 milliards d’euros, un plus haut niveau sur 10 ans, l’offre nette ne totalisera plus que 310 milliards, contre 370 milliards cette année.

Le montant net des nouvelles émissions éligibles aux programmes d’achats est attendu à 160 milliards d’euros, dont près des deux tiers sont susceptibles d’être absorbés par la BCE, suite à son augmentation d’assouplissement quantitatif.

Mieux vaut peu que moins que rien

Naturellement, les prévisions et les chiffres diffèrent selon les auteurs, mais il y a un consensus selon lequel la performance des obligations privées de qualité avoisinera 1% en 2021. Force est de constater que ces perspectives de rentabilité sont peu réjouissantes.

Pourtant, la demande d’obligations privées sera certainement au rendez-vous en 2021 dans la mesure où elle offrira une alternative plus attractive que des rendements souverains négatifs. En somme, mieux vaut peu que moins que rien.