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Quatre licornes contraintes de forcer leur destin

Les parcours de Lacework, NoName, Rubrik et Tempus illustrent l’impact sur l’économie et les circuits de financement de la hausse des taux et de la normalisation progressive des valorisations dans le secteur tech.

Rubrik et Tempus ont fait le choix de l’introduction en Bourse (IPO), en raison de la présence de banquiers d’affaires dans l’équipe dirigeante et d’un écosystème de sponsors robuste – SoftBank a par exemple consenti dans l’urgence une rallonge sous forme de dette à Tempus pour lui permettre de tenir jusqu’à l’IPO.
Keystone
Rubrik et Tempus ont fait le choix de l’introduction en Bourse (IPO), en raison de la présence de banquiers d’affaires dans l’équipe dirigeante et d’un écosystème de sponsors robuste – SoftBank a par exemple consenti dans l’urgence une rallonge sous forme de dette à Tempus pour lui permettre de tenir jusqu’à l’IPO.
Jacques-Aurélien Marcireau
Edmond de Rothschild - Co-directeur de la Gestion Actions et gérant du fonds Edmond de Rothschild Fund Big Data
04 juillet 2024, 18h15
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Les chemins croisés de Lacework, NoName, Rubrik et Tempus AI illustrent le dilemme actuel de centaines de conseils d’administration: face aux difficultés de se refinancer auprès des acteurs du capital-risque, est-il plus judicieux de vendre ou de se lancer en Bourse? Des opportunités sont à saisir.

Valorisées collectivement à près de 20 milliards de dollars en 2021, Lacework, NoName, Rubrik et Tempus AI opéraient dans des segments porteurs comme la cybersécurité, la sauvegarde de données ou encore le séquençage génomique. Non rentables, ces quatre licornes ont dû prendre leur mal en patience en attendant une baisse des taux et une embellie conjoncturelle pour essayer de retrouver une meilleure valorisation, avant d’être forcées à prendre une décision, faute de liquidités.

Trésorerie asséchée

Lacework et NoName ont opté pour la cession, avec à la clé des décotes avoisinant 95% et 50% respectivement sur leur dernier tour de valorisation, qui leur ont valu de finir dans l’escarcelle de Fortinet et Akamai.

Rubrik et Tempus ont fait le choix de l’introduction en Bourse (IPO), en raison de la présence de banquiers d’affaires dans l’équipe dirigeante et d’un écosystème de sponsors robuste – SoftBank a par exemple consenti dans l’urgence une rallonge sous forme de dette à Tempus pour lui permettre de tenir jusqu’à l’IPO. Dans les deux cas, l’accent a été lourdement mis sur l’intelligence artificielle (IA) dans la communication auprès des investisseurs, allant jusqu’au changement de nom pour Tempus Labs rebaptisé Tempus AI en 2023. Ces IPO ont débouché sur une prime de 40% pour Rubrik et une décote de 20% pour Tempus AI.

Que retenir de ces destins croisés?

Ces quatre licornes illustrent l’impact sur l’économie et les circuits de financement de la hausse des taux et de la normalisation progressive des valorisations dans le secteur technologique, en dehors des semi-conducteurs et des «Sept Magnifiques». Elles ne représentent pas des cas isolés: nombre de licornes – principalement américaines – n’ont pas réussi le double exercice de normaliser leur valorisation tout en s’approchant suffisamment vite de la rentabilité. Des dizaines, voire des centaines de conseils d’administration sont ainsi confrontés au même dilemme: face aux difficultés de refinancement, est-il préférable de vendre ou d’être coté?

Quelle que soit l’option retenue, cela présente des opportunités pour les investisseurs cotés: soit de manière directe, en bénéficiant dans les trimestres à venir d’IPO alléchantes, soit de manière indirecte, en offrant aux détenteurs de capitaux la possibilité de racheter des technologies ou des actifs stratégiques à des prix abordables.