27 septembre 2020, 16h33
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Au cours des dernières décennies, les investisseurs professionnels ont investi des sommes considérables dans des participations privées au capital d’entreprises non cotées.
Plusieurs raisons ont motivé cette pratique, notamment la diversification par rapport aux classes d’actifs traditionnelles, des trajectoires de bénéfices moins volatiles que dans le «coté», ainsi que des rendements historiques élevés. En 2017, les capitaux levés dans le private equity ont atteint un niveau record à près de 450 milliards de francs, hors fonds en renminbi (voir graphique).
Au regard de son succès, le capital-investissement séduit également les investisseurs privés. Or cette classe d’actifs était jusqu’à présent quasiment inaccessible à ce type d’investisseurs. Ils pouvaient certes acheter des parts de fonds de private equity et les actions de fournisseurs, mais, de par la cotation, ces instruments s’apparentent plutôt à des placements classiques sur les marchés financiers.
Les actions de sociétés de private equity sont plus fortement corrélées à l’évolution des marchés financiers que les placements en private equity et les fonds spécialisés typiques, qui s’échangent généralement avec une décote par rapport à la valeur liquidative.
La voie royale: les fonds «semi-liquides»
Les structures de private equity traditionnelles restaient généralement hors de portée des investisseurs privés compte tenu de barrières à l’entrée très élevées, l’horizon de placement étant souvent fixé à 15 ans et le montant d’investissement minimal à plusieurs millions de francs.
Les fonds semi-liquides offrent une solution intermédiaire, avec un ticket d’entrée nettement moins onéreux – parfois dès 50.000 francs – et un horizon de placement de trois à cinq ans, accessible aux investisseurs qualifiés.
En règle générale, les investisseurs ont la possibilité de sortir des fonds semi-liquides tous les trois mois, dans les limites d’un certain pourcentage de la valeur liquidative.
Par ailleurs, les fournisseurs se réservent la plupart du temps un certain délai au cours duquel ils peuvent différer le paiement, et ce afin de protéger les investisseurs. En effet, il s’agit d’éviter ainsi toute vente forcée dans des circonstances inopportunes.
Compte tenu de l’évolution positive des marchés financiers ces dernières années nombre d’investisseurs privés se demandent si la période actuelle est propice au private equity. Ils doivent également être nombreux à se poser les questions suivantes: les niveaux de valorisation actuels sont-ils encore raisonnables? Les perspectives de rendement ne devraient-elles pas être revues à la baisse?
Le point culminant du cycle économique a-t-il été atteint? Quand la prochaine récession aura-t-elle lieu?
Les rachats de petite taille restent attractifs
Le Fund Raising Indicator (FRI), l’un des indicateurs avancés conçus par Schroder Adveq, fournit des éléments de réponse à ces questions.
Dans l’ensemble, l’indicateur de levée de fonds suggèreuniquement un faible risque de surchauffe des fonds de private equity à l’échelle du globe.
Historiquement, les années présentant de hauts niveaux de levées de fonds affichent une performance plus faible que les millésimes aux volumes de capitaux levés plus réduits. Depuis 2017, la situation s’est globalement détendue.
Certains segments, tels que les opérations de rachat (buyout) d’envergure, se situent toutefois nettement au-delà de la tendance historique à long terme.
Les valorisations d’entrée des rachats de petite et grande envergure en Europe et aux États-Unis l’illustrent également, bien que l’écart de valorisation sur le Vieux Continent, avec un facteur d’environ 3,3, contre 2,9 outre-Atlantique, se soit encore creusé en 2017.
L’écart de tendance reste malgré tout moins marqué qu’entre 2006 et 2008.
Les opérations de rachat dans la partie inférieure du marché devraient ainsi continuer à offrir des opportunités.
Les structures semi-liquides changent la donne: les investisseurs qualifiés peuvent désormais accéder aux placements en private equity, jusqu’à présent l’apanage des investisseurs institutionnels, des family offices et des particuliers très fortunés.
Les placements semi-liquides présentent également des avantages pour ces derniers, à commencer par une plus grande flexibilité au sein du portefeuille.
Cette classe d’actifs devrait dès lors gagner en maturité ainsi qu’en transparence, et aussi bénéficier d’une plus grande acceptation.
*Head of Investments DACH, Nordics & CEE, Schroder Adveq