Après EIB, émettrice de la première obligation verte en 2007, la Banque mondiale innove à son tour avec la première obligation de protection de la vie sauvage (Wildlife Conservation Bond). Une partie des fonds a été allouée à la protection des rhinocéros noirs, expliquant le surnom de cette obligation: Rhino Bond. Ce Rhino Bond pourrait être le premier d’une série puisque d’autres espèces comme les lions, les tigres, les gorilles ou encore les orangs-outans voient leurs populations fondre à vue d’œil. L’indice Planète Vivante du WWF révèle des chiffres effarants: 68% de baisse de la population en moyenne sur plus de 20.000 espèces animales depuis 1970. L’exemple du rhinocéros noir est encore plus parlant : sa population est passée de 65.000 a environ 5000 aujourd’hui. Le changement climatique n’est de loin pas le seul à blâmer, dans ce cas précis, le braconnage est aussi à condamner. Avec un tel constat, il ne s’agit plus uniquement de parler de sauvegarde, mais il faut aussi accompagner la reproduction de l’espèce.
Des objectifs spécifiques et mesurables
Les philanthropes, les gouvernements et les organisations, telles que le Fonds pour l’environnement mondial (FEM), portaient et finançaient jusqu’à présent les projets de conservation, sans pour autant avoir de garantie de succès sur lesdits projets. Avec ce nouveau type d’obligation, une partie du risque et du financement est transférée au secteur financier qui, en contrepartie, reçoit une rémunération avantageuse sous condition de la réussite des projets. Dans ce cas précis, le FEM effectuera une donation basée sur la performance du projet. La Banque mondiale offre sa bannière de sérieux et son rating AAA, éléments garants de succès. A cela s’ajoutent des objectifs spécifiques et mesurables: deux réserves sud-africaines vont recevoir des fonds qui leur permettront de financer la lutte contre le braconnage et de prendre des initiatives pour développer la population existante, par exemple à travers une amélioration de l’habitat. L’objectif est de parvenir à une croissance de 4% de la population de rhinocéros noirs d’ici à cinq ans.
Une prime dépendant du résultat
Les investisseurs renoncent à toucher un coupon sur cette période et l’obligation émise à 94,84 sera remboursée à 100. A cela s’ajoute une prime dépendant du résultat, mesurée par une organisation indépendante, pouvant atteindre 9,173%. Avec cette structure les intérêts des parties prenantes sont alignés: le FEM n’effectue une donation que si le succès est au rendez-vous et les investisseurs obtiennent un rendement minimum de 1,1% avec un bonus potentiel et des mesures d’impact claires.
Cette initiative n’est pas sans rappeler les premières obligations vertes qui, après 15 ans d’existence, nous auront appris au moins une chose: il est crucial de fixer des standards clairs le plus rapidement possible. Espérons que cette leçon soit intégrée et que le marché se responsabilise pour que d’autres initiatives de ce type puissent voir le jour.