Le profil mixte de la dette émergente permet de trouver un équilibre entre opportunité, volatilité et liquidité – cette dernière offrant la souplesse et la réactivité nécessaire en cas de repositionnement rapide sur le marché. Cela a été le cas en mars 2020 par exemple, lorsque les investisseurs étaient exposés à une combinaison de manque de liquidité et une volatilité accrue sur le marché des euro-obligations. Ou lors de l’intervention historique de la Réserve fédérale américaine en réponse à la pandémie, qui a fondamentalement modifié la dynamique de détermination des prix de toutes les obligations libellées en dollars américains, y compris la dette émergente en monnaie forte et en particulier les notations investment grade.
En raison de ces facteurs, il existe une différence assez nette entre les obligations qui font partie d’un indice de référence et celles qui n’en font pas partie. Les premières bénéficient d’une plus grande liquidité et de l’intervention des banques centrales, les secondes non.
La reflation
Les rendements des titres à revenus fixes des marchés émergents ont été plutôt faibles depuis l’annonce du vaccin en novembre de l’année dernière, ce qui est décevant étant donné que la reflation soutient ce type d’actifs. Alors que les mois de novembre et décembre ont été typiques d’un environnement de reflation, avec l’indice MSCI Emerging Market nettement supérieur au S&P 500, les gains ont été effacés en février et mars 2021 à cause des interventions de la Chine. La Banque populaire de Chine a en effet décidé de restreindre les liquidités et le gouvernement a renforcé la réglementation, notamment dans le secteur technologique - autant de facteurs qui ont constitué des vents contraires. Sans cela, les marchés en devises locales auraient enregistré de bien meilleures performances au cours de cette période. Toutefois la vigueur des matières premières et l’augmentation du taux de vaccination sur l’ensemble des pays émergents seront des facteurs de soutien de la croissance au second semestre 2021.
Suite au ralentissement de l’impulsion de crédit de la Chine, les marchés s’attendent de plus en plus à un ralentissement de la croissance de son PIB. Cependant cette situation de courte durée n’a rien d’inhabituel en période de reflation où le besoin de liquidités est moindre (ce fut le cas en 2009-20213 ou 2017-2018). Il vise avant tout à éviter un emballement des prix des matières premières.
La crainte d’un nouveau taper tantrum est quelque peu exagérée. Les économies émergentes sont dans une position beaucoup plus solide en ce qui concerne leurs déficits courants par rapport à 2013, date du dernier taper tantrum. À l’époque, la demande d’actifs des marchés émergents était extrêmement élevée et les déficits des comptes courants étaient importants. La période est différente, plus robuste pour les économies de la région.
Perspectives et positionnement du marché
Il existe une prime de risque supplémentaire pour les titres à revenu fixe des marchés émergents, en particulier par rapport au précédent super cycle des matières premières (précédant la Grande Récession). Avant la crise financière mondiale, la prime de risque globale des marchés émergents était inférieure à 200 points de base, alors qu’elle se situe aujourd’hui à un peu plus de 300 points de base au-dessus des taux sans risque. La prime de risque supplémentaire est attrayante et il existe peu d’opportunités ailleurs pour y parvenir.
Des opportunités existent en monnaie locale dans les pays présentant le plus de liquidités: Afrique du Sud, Chine, Mexique, Indonésie, ou Russie. Plusieurs économies sont maintenant proactives dans le relèvement des taux d’intérêt, ce qui devrait aider les obligations en monnaie locale, tandis que les déficits des comptes courants sont en meilleure position que dans le monde développé.