Le titre «Le négoce dans notre quotidien» est intriguant. Pouvez-vous en dire plus?
Ce titre reflète notre volonté de parler du négoce de matières premières et de montrer que le négoce est présent au quotidien dans nos vies. Nous souhaitons expliquer notre travail au public, car il consiste essentiellement à acheminer des biens essentiels du producteur au consommateur.
Le magazine se concentre sur le café, le blé, le cuivre et le GNL. Ce sont tous des produits très différents. Pourquoi avoir choisi ces matières premières?
Ces quatre produits représentent un éventail des biens que nous utilisons dans notre vie quotidienne, consciemment ou inconsciemment. Par exemple, saviez-vous que le gaz est nécessaire à la production d'engrais?
La directrice générale de l'Organisation mondiale du commerce, Ngozi Okonjo-Iweala, a déclaré: «Les négociants en matières premières sont en effet des acteurs du développement en Afrique. Ils jouent un rôle crucial en facilitant le commerce, en reliant les producteurs aux marchés mondiaux et en contribuant à la croissance économique et à la prospérité du continent.» Pouvez-vous nous faire part de votre point de vue sur cette citation?
Cette déclaration de la directrice générale Okonjo-Iweala souligne à juste titre l'importance des négociants en matières premières dans le développement de l'Afrique. Les négociants sont sources de développement économique.
Notre rôle va bien au-delà de l'achat et de la vente de marchandises. Nous agissons comme des facilitateurs du commerce, en mettant en relation les producteurs africains avec les marchés internationaux. Cela crée des opportunités économiques pour les pays africains et favorise leur croissance. Cependant, notre impact dépasse souvent le simple commerce, nous jouons également un rôle dans l’éducation, la formation et les pratiques durables au sein de l'industrie.
Il est important de reconnaître que l'approvisionnement éthique et responsable est crucial. Si le commerce des matières premières joue un rôle positif, nous devons nous assurer qu'il profite à toutes les parties prenantes concernées, y compris les producteurs et les communautés locales.
En tant que nouveau président de Suissenégoce pour un mandat de deux ans, quelle est votre vision pour l'association et le secteur du négoce de matières premières dans son ensemble?
Même en tant que nouveau président de Suissenégoce, je m'inscris dans la ligne de mon prédécesseur, Ramon Esteve, pour renforcer la communication avec les autorités suisses et le public. Notre secteur est souvent mal expliqué par les médias, alors que de nombreuses sociétés membres réalisent des choses extraordinaires en toute discrétion. Nous ne pouvons pas laisser les voix qui crient le plus fort être les seules à parler du négoce.
Nous continuerons à dialoguer avec les autorités, en plaidant en faveur d’une Suisse qui reste un pôle compétitif pour les maisons de négoce de matières premières.
Au sein de Suissenégoce, nous réunissons un large éventail de membres, allant des grandes multinationales aux petites et moyennes entreprises (PME). Nous sommes convaincus que les PME jouent un rôle essentiel dans la prospérité de notre secteur. Cependant, les PME sont confrontées à des défis liés à la complexité des réglementations, aux sanctions et aux lourdeurs administratives En encourageant la collaboration entre nos membres, nous constatons un partage des connaissances. Les grandes entreprises peuvent échanger sur leurs expériences dans le développement de critères ESG et d'avancées technologiques, soutenant ainsi les PME. Lorsque toutes les entreprises quelle que soit leur taille, peuvent échanger, prospérer et profiter de l’expérience des autres, c’est ainsi l'ensemble de l'industrie qui en profite.
Enfin, je soutiens l'excellent travail de Suissenégoce Academy, de ses directeurs de programme et de ses enseignants. Nous sommes reconnaissants de la collaboration fructueuse avec l’Université de Genève, qui propose un Master en négoce de matières premières et forme la prochaine génération de négociants. Si la Suisse n’est pas riche en matières premières, elle regorge de matière grise. Investir dans l’éducation et l’innovation est crucial pour former la main-d’œuvre qualifiée de demain dont notre industrie a besoin.