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Plus fort que le bitcoin, le cacao profite d’une demande «captive»

Matières premières. Malgré une médiatisation relativement faible, le cacao est la matière première dont le cours a augmenté le plus fortement en 2024.

Le cacao et son dérivé, le chocolat, illustrent parfaitement le principe de demande inélastique: même si le prix d’une denrée augmente, la demande en la matière ne baisse pas ou peu.
Keystone
Le cacao et son dérivé, le chocolat, illustrent parfaitement le principe de demande inélastique: même si le prix d’une denrée augmente, la demande en la matière ne baisse pas ou peu.
Yvan Mamalet
Société Générale Private Banking - Économiste-stratégiste senior
19 décembre 2024, 19h00
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Avec une envolée de plus de 150% en 2024, le cours du cacao devrait connaître une hausse encore plus spectaculaire que celui du bitcoin. Au moment où le monde entier (ou presque) se prépare à célébrer les fêtes de fin d’année, nul doute que cette hausse se ressentira sur les prix à la consommation. Cela a d’ailleurs déjà été le cas en zone euro en novembre, puisque les prix du chocolat et de la poudre de cacao affichaient une hausse de plus de 9% sur un an, alors même que l’inflation poursuivait sa baisse pour s’approcher de la cible de 2% fixée par la Banque centrale européenne.

Le cacao et son dérivé, le chocolat, illustrent parfaitement le principe de demande inélastique: même si le prix d’une denrée augmente, la demande en la matière ne baisse pas ou peu. Dans le cas du cacao, cette situation est en partie due au fait qu’il n’existe pas de produit de substitution. De plus, même s’il n’est pas un produit de première nécessité, les consommateurs sont clairement «captifs», puisque le chocolat fait partie des «essentiels» de la plupart des grandes célébrations (fêtes de fin d’année, Pâques, etc.), et du quotidien de nombre de foyers (et pour certains du petit-déjeuner au dîner).

En 2024, cette conjoncture de demande inélastique a en outre été couplée à une forte baisse de la production. En effet, les deux principaux pays producteurs de cacao – la Côte d’Ivoire et le Ghana, qui représentent à eux seuls plus de la moitié de la production mondiale (plus de 60% viennent des pays d’Afrique de l’Ouest) – ont connu de fortes intempéries et des périodes de sécheresse, peu favorables à la culture de la cabosse. A cela se sont ajoutés, de façon plus structurelle, des problèmes de disponibilité de main-d’œuvre et de sous-investissement dans le secteur. Enfin, de nouvelles normes environnementales sont venues limiter l’importation de cacao sur le sol européen.

Un simple coup de chaud?

La combinaison de ces deux facteurs – demande stable et offre en baisse – se traduit toujours par une augmentation du prix. A terme, cette hausse devrait toutefois permettre de rééquilibrer l’offre et la demande: un prix plus élevé rendrait les investissements dans le secteur plus attrayants et stimulerait l’offre mais il pourrait, à l’inverse, peser – modérément dans le cas du cacao – sur la demande. En théorie, le cours du cacao pourrait ainsi revenir à des niveaux plus proches de sa moyenne historique.

Cependant, du point de vue de l’offre, une telle adaptation semble peu probable en 2025, compte tenu des problèmes structurels récurrents du secteur. Concernant la demande, l’ajustement ne sera vraisemblablement que marginal puisqu’elle est dite «captive». Ainsi, l’évolution du prix du cacao dans les mois à venir devrait être majoritairement déterminée par les aléas climatiques et une forte volatilité semble se profiler. Au mieux, il pourrait baisser modérément, tout en restant très supérieur à sa moyenne historique.