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L’UE va devenir le premier émetteur mondial d’obligations vertes

Le tiers du programme NextGenerationEU sera financé par ce type d’obligations, soit 250 milliards d’euros.

Catherine Reichlin
Banque Mirabaud - Analyste obligataire senior
21 octobre 2021, 22h40
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Si la théorie nous a appris qu’à risque financier identique, la rémunération devrait être égale, les obligations vertes nous montrent que cela n’est pas toujours le cas. C’est l’idée qui se cache derrière le terme «greenium» (prime verte), qui signale que le rendement d’une obligation verte est différent de celui de son homologue conventionnelle. Une étude de Barclays montre qu’en moyenne cette prime est de 4 points de base, dit autrement les investisseurs acceptent d’être payés 4 points de base de moins pour pouvoir détenir des obligations vertes.

Ce phénomène a évolué depuis les premières obligations vertes et reflète, entre autres, le déséquilibre entre offre et demande. Sachant qu’à mi-octobre 411 milliards de dollars d’obligations vertes ont été émises contre 234 milliards de dollars en 2020, cela permet de mesurer la vigueur de la demande. Ces chiffres mettent également en perspective l’impressionnant carnet d’ordres de la première obligation verte de l’Union européenne (UE): 135 milliards d’euros de demande! Si ce montant n’atteint pas le record de 145 milliards d’euros pour la première obligation sociale de l’UE avec son programme SURE, il marque un record de demande pour une obligation verte. Au-delà du succès, il est intéressant de constater que sur les 12 milliards d’euros émis, seuls 9% ont été alloués aux banques et aux fonds spéculatifs.

La première d’une longue série

L’essentiel de l’émission est en mains de fonds, de trésoreries de banques, d’assurances et de fonds de pension ainsi que de banques centrales. Si l’UE n’a pas souhaité favoriser les investisseurs responsables, force est de constater que cet emprunt est en mains d’investisseurs plutôt statiques. Cette obligation verte est la première d’une longue série puisque le tiers du programme NextGenerationEU sera financé par ce type d’obligations, soit 250 milliards d’euros qui feront de l’UE le plus grand émetteur mondial d’obligations vertes. L’Union a débuté avec une obligation à 15 ans et, au vu de la demande, elle a pu réduire des conditions déjà serrées. Après l’émission, l’emprunt a continué de performer: son rendement a baissé de 0,45% à 0,36%, soit un niveau légèrement inférieur à celui d’une obligation de l’UE non verte pourtant plus courte de près d’un an; une illustration de la fameuse «greenium». Ces niveaux ne font pas vraiment rêver, alors comment expliquer cette demande?

Plusieurs facteurs doivent être évoqués comme la qualité de l’émetteur qui offre pourtant une prime par rapport à l’Allemagne. Certes, une prime d’émission de 32 points de base (0,32%) semble marginale mais aucun point de base n’est négligé dans l’environnement actuel. L’appétit des investisseurs responsables est en outre grandissant et l’offre n’arrive toujours pas à le satisfaire. La volatilité attendue sur un crédit comme celui-ci est plus faible, ce qui offre de la stabilité pour des investisseurs traditionnellement statiques. Et puis, pour les investisseurs arrivés tardivement sur ce marché, de tels emprunts permettent de construire des positions importantes sans prendre trop de risque. Avec des étoiles si bien alignées et des voyants au vert, les prochaines émissions de l’UE pourront compter sur l’excellent accueil d’un marché affamé.