Les membres de l’Isag, qui se sont réunis il y a près d’une semaine, ont à nouveau débattu de l’évolution des marchés financiers et plus globalement de l’économie mondiale. La première conclusion est qu’il y a un net consensus qui se détache lorsqu’il s’agit de savoir dans quel cycle économique nous nous trouvons: le milieu de cycle.
Les Etats-Unis sont en phase de milieu de cycle, une expansion plus large s’étant produite parallèlement aux progrès en matière de vaccination et à une réouverture économique plus complète. Les taux de croissance sont élevés, mais pourraient atteindre un pic, car le soutien fiscal et la dynamique de réouverture vont probablement ralentir par rapport à leurs tendances extrêmement favorables. La réponse de l’offre – de la lenteur de la réintégration des travailleurs aux chaînes d’approvisionnement sous tension – peine à rattraper la hausse de la demande, ce qui accroît les pressions inflationnistes.
Croissance nominale élevée
La croissance nominale devrait rester élevée, mais la combinaison de l’activité réelle et de l’inflation est de plus en plus incertaine. Plus globalement, les marchés développés ont tendance à bénéficier d’un contexte plus favorable à court terme, les progrès de la réouverture en Europe coïncidant avec l’amélioration du sentiment des consommateurs et des services.

Historiquement le milieu du cycle tend à être plus long que toute autre phase et c’est également à ce moment-là que la plupart des corrections du marché ont eu lieu.
Des risques de plusieurs ordres
Ensuite, les risques qui sont identifiés par les membres de l’Isag sont de plusieurs ordres. Tout d’abord la poursuite de la décélération de la croissance en Chine, alimentée notamment par les craintes sur le secteur de l’immobilier. Si le promoteur immobilier Evergrande fait les grands titres des journaux, c’est tout le secteur qui semble être sur la sellette.

Les membres de l’association s’inquiètent aussi de la forte hausse des prix de l’énergie en Europe qui se transforme de plus en plus en crise européenne. Rappelons ici que le prix de référence du gaz en Europe ayant plus que doublé en 2021 et les coûts du charbon et des émissions ayant augmenté, le coût de la production d’électricité dans les centrales à combustibles fossiles est en forte hausse. Les prix élevés de l’énergie ont été le principal facteur de l’augmentation du taux d’inflation des prix à la consommation en Allemagne, qui a atteint en juillet son niveau le plus élevé depuis 1993.
La normalisation monétaire est en route
Sur la question monétaire, les membres de l’Isag sont d’avis que la normalisation monétaire est en route. Si aux États-Unis la baisse des rachats d’actifs devait débuter avant la fin de l’année, la Banque centrale européenne (BCE) devrait laisser «mourir naturellement» son programme d’aide exceptionnel face au Covid-19 (PEPP).

L’inflation est toujours considérée par les membres de l’association comme étant transitoire. Cependant, une crise de l’énergie prolongée, la hausse de certaines autres matières premières et les goulets d’étranglement en Chine pourraient pousser les prix finaux à la hausse pour une durée plus prolongée qu’anticipée.
* L’Investment Strategist Association of Geneva (Isag) regroupe les CIO et économistes en chef d’une vingtaine d’établissements financiers basés en Suisse romande. Elle publie chaque trimestre leurs vues d’investissement.