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Les rendements négatifs pourraient disparaître dès 2022 en Europe

Depuis la semaine dernière, quelque chose a changé. La BCE a, elle aussi été rattrapée par la réalité d’une inflation au plus haut historique.

Gianni Pugliese
Mirabaud - Analyste obligataire
10 février 2022, 21h54
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Sommes-nous sur le point de retrouver un environnement plus rationnel dans lequel il ne faut pas payer pour prêter? Certes, les taux d’intérêts négatifs ont été mis en place pour soutenir l’économie. Mais depuis la semaine dernière, quelque chose a changé. La Banque centrale européenne (BCE) a, elle aussi été rattrapée par la réalité d’une inflation au plus haut historique, et à 5,1% en janvier, elle a dû se résoudre à changer son fusil d’épaule. 

La normalisation des politiques monétaires est en route et s’accélère, elle pourrait, dès cette année, sonner le glas des rendements négatifs en Europe. 

Le tournant restrictif de la BCE a bien sûr déclenché la réaction immédiate des marchés monétaires qui sont allés jusqu’à anticiper une hausse cumulée de 50 points de base du taux de dépôt en 2022. Et si cela devait se concrétiser, il reviendrait à 0%, une première en près de huit ans. Il n’en fallait pas plus pour que des rendements souverains de maturités-phares, toujours plus courtes, pivotent en territoire positif. Le stock de dette européenne avec un rendement négatif a alors chuté de plus d’un tiers en une seule séance, atteignant environ 2400 milliards d’euros, le plus bas niveau observé depuis 2019. Le mouvement a eu lieu sur les emprunts souverains à cinq ans d’un certain nombre de pays dont l’Allemagne, les Pays-Bas, la France et la Suisse. 

La prochaine étape concernera les échéances à trois ans où les quatre pays cités peuvent encore se financer sous la barre des 0%. Finalement, une fois ce seuil franchi par les rendements à deux ans, l’ère de la dette à rendement négatif devrait avoir touché à sa fin, du moins en Europe. 

Si la soudaineté de ce revirement a pris au dépourvu les investisseurs, que dire de celui du marché des obligations d’entreprises? 

Le rythme de disparition des rendements négatifs est bien plus rapide, ils pourraient même être en voie d’extinction. L’indice Bloomberg libellé en euro des obligations d’entreprises classées en catégorie investissement montre que la proportion des emprunts avec un rendement négatif a reculé à environ 5%, contre plus de 50% il y a à peine six mois. Son rendement moyen se situe à 1,15% de nos jours, un niveau qui n’avait plus été enregistré depuis mai 2020 et largement supérieur à celui de 0,11% observé au mois d’août 2021. Un tel changement de situation pèse naturellement lourdement sur la performance de l’indice: -3,32% depuis le début de l’année, dont -2,03% en février uniquement! 

Cela étant dit, des rendements bien plus élevés finiront par attirer de nouveaux acheteurs et soutenir le marché. Le retour en territoire positif devrait soulager ceux qui ne souhaitent pas augmenter leur exposition au risque pour obtenir du rendement. Il devrait également faciliter la tâche des gérants de fonds obligataires qui ne peuvent pas acheter des obligations avec des rendements négatifs. Et finalement, il permettra de mettre fin à la pratique contre-nature de payer pour prêter.