Par Michael Curran, Responsable des produits carbone et environnementaux, Vitol
Pour certains, les crédits carbones sont des instruments utilisés par les entreprises qui veulent prétendre réduire leur empreinte carbone. Cependant, il s'agit toutefois d'une vision réductrice qui ne rend pas justice au rôle des crédits carbones. Les crédits carbones ont un rôle à jouer dans le processus de décarbonisation car ils permettent de compléter les réductions d’émissions.
Pour le moment, les engagements des nations s’élèvent à 7,5% au lieu des de 55% de réduction d’émissions requis en 2030 pour atteindre l'objectif de 1,5 °C fixé par l’Accord de Paris. Pour atteindre la «neutralité carbone» d'ici 2050, il est important que toutes les actions possibles de réduction d’émissions soient entreprises y compris l’utilisation des marchés du carbone. Selon l'ONU, ces marchés aident à réduire les émissions pour autant que leurs règles soient bien définies et que le processus de comptabilisation des crédits soie transparent.
La neutralité carbone reste un défi
Pour les entreprises actives dans les secteurs à forte intensité énergétique tels que la sidérurgie ou le recyclage, la «neutralité carbone» constitue un défi majeur car ils leurs faut des années pour développer des solutions alternatives de consommation ou des nouvelles technologies de production énergétique. Il est difficile pour ses entreprises d’envisager un passage rapide à une production à faible intensité carbone. Elles doivent donc compter dans un premier temps sur l'achat des crédits-carbone pour compenser ou neutraliser leurs émissions. Dans ces cas de figure, les marchés du carbone jouent un rôle crucial car ils attribuent une valeur à la tonne de carbone. Ils fournissent un signal de prix aux investisseurs et leurs permettent de soutenir des projets de réduction de carbone tels que la protection des forêts ou encore la reforestation. Grâce à ces investissements de nouvelles avancées technologiques peuvent elles aussi émergées, notamment en ce qui concerne la capture et de stockage de carbone (CSC) ou encore les carburants synthétiques.
Penser local
Pour que le marché du carbone soit adéquat, il doit être transparent, crédible et fonctionnel. Les marchés de réduction ou de suppression du carbone sont encore relativement jeunes et hétérogènes. Pour être robuste, ils devront être accompagnés de réglementation et des normes comptables claires. De plus, un cadre ESG (Environnemental Social et de Gouvernance) fiable avec un suivi strict des projets est essentiel. A l’heure actuelle, le travail en cours et toutes les parties prenantes devront contribuer au développement du potentiel de ces marchés.
La qualité des projets et des crédits échangés déterminera le succès du marché : les investisseurs devront opter pour des standards d’accréditation reconnues telles que Verra ou Gold Standard et devront s'assurer que chaque projet ait une méthodologie établie et viable. Il sera également impératif que ses projets en plus de réduire les émissions, respectent les besoins des communautés locales afin d’éviter toute forme de "colonialisme du carbone". Ce n'est qu'à ces conditions que les crédits carbones ne seront pas seulement un investissement pour un seul parti mais également un investissement pour les populations locales, leurs communautés et l'environnement.
