La semaine écoulée a été relativement tranquille sur les marchés boursiers, avec une progression modeste des principaux indices aidée par des surprises positives du côté des résultats des entreprises et les attentes concernant le plan de relance budgétaire américain. La tendance haussière a été supportée par d’importants volumes d’investissement, avec notamment un record de flux hebdomadaires dans les fonds de placement, frisant les 58 milliards de dollars, avec une prédilection pour le secteur technologique. A Tokyo, l’indice Nikkei a dépassé ce lundi les 30.000 points pour la première fois depuis août 1990.
Le pari d’une forte reprise domine
Les investisseurs semblent devenir plus hésitants, s’interrogeant sur l’avancée de la campagne de vaccinations, l’évolution des nouveaux variants et la valorisation boursière élevée. Mais il ressort encore clairement que, même si la conjoncture reste dégradée en ce début d’année, le pari d’une reprise forte, soutenue par l’effort budgétaire et monétaire, domine.
Il y a quelques craintes de surchauffe des indices, mais ça ne semble pas assez important pour freiner les spéculations tout azimut, liquidité abondante oblige. Après l’euphorie sur les titres vendus à découvert par les hedge funds, c’était au tour des entreprises spécialisées dans le cannabis d’être la cible des traders amateurs, convaincus que la législation américaine sur la marijuana allait évoluer. Les sociétés du secteur se sont envolées, pour ensuite chuter de plus belle, après que le CEO de Tilray a annoncé que l’avancée de la légalisation prendrait encore 12 – 18 mois. Il faut également suivre les déclarations d’Elon Musk sur Twitter, car le patron de Tesla est apparemment devenu le nouvel oracle des marchés financiers (lire ci-dessous). Le bitcoin a bondi après l’annonce que Tesla l’accepte désormais comme moyen de paiement. D’ailleurs, il a fait des émules comme Bank of New York Mellon et Mastercard.
La Fed n’est pas inquiétée par l’inflation
Mercredi, Jerome Powell, à la tête de la Fed, a affirmé que le marché de l’emploi américain était «très loin» d’être solide, avec de fortes disparités sociales et sectorielles. D’où la nécessité d’efforts d’investissement et de stimulation monétaire pour soutenir l’économie. Le plein emploi est une des missions de la Fed, mais avec 10 millions de travailleurs en moins qu’en janvier 2020 et un taux de chômage de 6.3% c’est loin d’être atteint. D’autant que le taux de participation est en baisse, des millions d’américains ayant renoncé à chercher.
La Fed n’est pas si préoccupée par l’inflation, car tant que le marché du travail n’est pas fort, elle laisserait même la hausse de l’indice des prix dépasser son objectif de 2%. Dans ce sens, on comprend que les taux vont demeurer bas encore longtemps avec une politique monétaire très accommodante (maintien des achats d’actifs obligataires au rythme de 120 milliards de dollars par mois).
Les nouveaux oracles des marchés
Après avoir quitté ses fonctions, le président Trump laisse en héritage une façon radicalement différente de communiquer. Court-circuitant les canaux traditionnels d’informations plus approfondi et étayés, la mode du tweet, message par conception ultra court (280 charactères) permet d’asséner un message simple sans avoir à développer son argumentation.
L’impact sur les marchés de ce type de messages ou de discussions sur des forums prend aujourd’hui une ampleur sans précédent. Que ce soit la plateforme communautaire Reddit (qui porte bien son nom) ou les tweets d’Elon Musk, les mouvements boursiers qui en résultent, provoqués par l’effet cumulé et synchrone de millions de petits investisseurs sont pour le moins spectaculaires.
On l’a vu avec les couvertures de ventes à découvert via les messages sur la plateforme Reddit qui, en quelques jours, ont fait flamber des titres comme Gamestop (+2200%) ou Bed Bath & Beyond (+185%) mais aussi avec le tweet d’Elon Musk à mi-janvier incitant sa communauté de followers à utiliser la messagerie cryptée Signal.
Son tweet a déchainé des achats effrénés sur un titre du même nom mais sans aucun rapport avec la messagerie, poussant le cours de «l’heureux homonyme» de 800% en une séance avant de retomber au niveau d’avant-tweet. Ces mouvements exubérants attisés par l’appât du gain rapide ne doivent pas faire perdre la raison et, quitte à passer à côté de certaines « opportunités » ne dispense pas l’investisseur de raisonnement...