Vers 15h05 GMT, l'Europe s'essoufflait face à la montée du taux américain à dix ans: Francfort cédait 0,49%, Paris grappillait 0,09%, Milan reculait de 0,16%. Seul Londres, qui n'a pas progressé autant que ses homologues européens ces dernières séances, prenait 0,31%. A Zurich, le SMI cédait 0,36%.
A Wall Street, la remontée des taux d'emprunt pesait encore plus fortement après les nouveaux records du Dow Jones et du S&P 500 la veille: ce dernier baissait de 0,24% tandis que le Nasdaq, à forte coloration technologique, perdait 1,10%. Seul le Dow Jones s'affichait dans le vert (+0,45%).
Plus tôt, l'Asie avait clôturé en ordre dispersé. A Tokyo, l'indice vedette Nikkei a gagné 1,7% mais la Bourse de Hong Kong (-2,2%) a été pénalisée par le regain de tensions entre Pékin et Washington engendré par l'imposition d'une réforme électorale à Hong Kong.
"L'encre a à peine séchée depuis la signature par Joe Biden du plan de relance de 1900 milliards de dollars et les anticipations d'inflation montent", souligne Sophie Griffiths, analyste chez Oanda.
A cela s'ajoutent "les inquiétudes concernant le Covid en Europe", où "la pagaille autour des vaccins semble augmenter de jour en jour", poursuit-elle.
Confiance des consommateurs américains
"Alors que les Américains devraient recevoir leurs chèques de relance d'ici quelques jours, et que les consommateurs sont d'humeur à dépenser (...), des attentes élevées quant à la reprise économique outre-Atlantique font grimper les rendements obligataires", détaille Mme Griffiths.
La confiance des consommateurs américains s'améliore d'ailleurs plus que prévu en mars, atteignant un plus haut depuis mars 2020, selon l'indice de l'Université du Michigan.
Aussi les taux d'emprunt souverains à dix ans, qui avaient reculé la veille en Europe dans le sillage de la réunion de la Banque centrale européenne - cette dernière ayant décidé d'accélérer le rythme de ses achats d'obligations au cours des trois prochains mois -, repartaient-ils à la hausse ce vendredi, tirés par leur homologue américain.
C'est en effet surtout la nette progression du taux américain, repassé au-dessus du seuil symbolique des 1,60%, soit son niveau pré-pandémie, qui cristallisait l'attention.
La Réserve fédérale américaine "semble s'accommoder de la hausse des taux d'intérêt à long terme, Jerome Powell jugeant qu'elle résulte de l'amélioration de la situation économique. A l'inverse, la BCE a réagi, en augmentant ses achats mensuels d'obligations dans le cadre de son PEPP", son programme d'urgence contre la pandémie, observent les experts d'Aurel BGC.
La tech souffre de la hausse des taux
Les valeurs technologiques repartaient à la baisse, Etats-Unis en tête, avec le redémarrage des tensions obligataires : Facebook et Tesla perdaient tous deux plus de 3%.
A Paris, Dassault Systèmes fermait la marche du CAC 40 (-2,75% à 173,20 euros), STMicroelectronics reculait de 2,05% à 29,05 euros et Worldline perdait 1,38% à 75,72 euros.
A Francfort, l'éditeur de logiciels SAP reculait de 1,57% à 104,20 euros et Infineon cédait 0,53% à 33,78 euros.
Les banques en profitent
A contrario, la hausse des rendements bénéficiait aux titres bancaires. Société Générale gagnait 1,52% à 21,71 euros, Crédit Agricole 1,27% à 12,35 euros, la palme revenant à BNP Paribas (+1,68% à 53,21 euros).
A Francfort, Deutsche Bank prenait la tête du Dax (+2,23% à 10,74 euros) tandis que Commerzbank montait de 2,06% à 5,54 euros.
Burberry à la fête
A Londres, le titre était en tête de la cote (+6,97% à 2.125 pence), le groupe de luxe disant enregistrer un fort rebond de son activité avec une hausse d'environ 30% sur un an des ventes en magasin.
Du côté des devises, du pétrole et du bitcoin
Vers 14h55 GMT, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai valait 69,46 dollars à Londres, en baisse de 0,24% par rapport à la clôture de jeudi
A New York, le baril américain de WTI pour avril abandonnait 0,20%, à 65,89 dollars.
Dans le même temps, l'euro cédait 0,45% à 1,1932 dollar, affaibli par les mesures prises par la BCE pour faire baisser les taux sur le marché obligataire.
Le bitcoin cédait un peu plus de 2% à 56.191 dollars. (AWP)