Les Bourses effaçaient mardi une partie des pertes provoquées la veille par les inquiétudes quant à une éventuelle contagion de la débâcle du géant de l'immobilier chinois Evergrande à l'ensemble de la région, portant désormais leur attention sur la réunion de la Banque centrale américaine.
Wall Street rebondissait au lendemain d'un fort repli: vers 14H00 GMT, l'indice Dow Jones gagnait 0,86%, l'indice élargi S&P 0,55% et l'indice technologique Nasdaq 0,78%.
En Europe, Paris montait de 1,58%, Londres de 1,20%, Francfort de 1,44% et Milan de 1,49%. A Zurich, le SMI gagnait 0,42%.
Les marchés mondiaux avaient nettement baissé lundi, inquiets de la capacité d'Evergrande, lourdement endetté, à faire face à ses obligations, et des éventuels effets de contagion en cas de défaut du groupe chinois. Mais l'ambiance était plus rassérénée mardi.
"Même si l'affaire Evergrande a suscité une vague de peur sur le marché, notamment chez les traders qui craignent que les conséquences ne s'étendent à d'autres pays, la plupart des investisseurs semblent désormais confiants dans le fait que la Banque centrale chinoise (PBoC) continuera à apporter son soutien et à injecter des liquidités pour atténuer le risque mondial", écrit Pierre Veyret, analyste chez ActivTrades.
Les pratiques désespérées d'Evergrande pour échapper à la faillite
Taux d'intérêt miraculeux et placements à risque: créanciers spoliés et employés décrivent les pratiques désespérées d'Evergrande, géant chinois de l'immobilier, pour échapper à la faillite. Le mastodonte est devenu en deux décennies l'un des visages de la frénésie immobilière en Chine, quand des millions de ménages ont pu accéder à la propriété. Le groupe croule aujourd'hui sous une dette de 260 milliards d'euros, l'équivalent du PIB de la Roumanie. Fournisseurs non payés et propriétaires floués ont protesté la semaine dernière devant le siège du groupe à Shenzhen (sud). Des scènes inhabituelles dans un pays où les manifestations sont rarement tolérées. Le groupe tentaculaire conserverait plus de 1,4 million de logements en construction qu'il n'a plus les moyens d'achever et de remettre à ses propriétaires. Acculé, il propose désormais à ses créanciers de les rembourser... en nature, sous la forme de terrains ou de places de stationnement. Autant d'offres rejetées par les intéressés. "Ce que je veux, c'est de l'argent!" déclare à l'AFP un investisseur du nom de Feng. "Je ne vais même pas regarder cette offre".Face à la menace du dépôt de bilan, Evergrande a aussi poussé ces derniers mois ses salariés à vendre -- mais aussi à acheter pour eux-mêmes -- des placements très attractifs mais risqués, selon plusieurs employés rencontrés par l'AFP. L'une d'entre elles, du nom de Huang, raconte avoir réuni pas moins de 1,5 million de yuans (216'000 francs) avec l'aide de sa famille afin d'acheter ces produits. Les taux d'intérêt offraient un gain de 7% à 9%, selon des salariés et des brochures consultées par l'AFP.
Les investisseurs se focalisent désormais sur la réunion monétaire de Réserve fédérale américaine, qui se tient mardi et mercredi. Ils s'attendent à ce qu'elle précise les modalités et le calendrier de la réduction progressive de son soutien au marché financier par des rachats d'actifs massifs. Mais les observateurs estiment qu'une annonce officielle n'interviendra pas avant la prochaine réunion de novembre.
Les opérateurs de marché surveillent aussi la course contre la montre lancée au Congrès américain pour trouver un accord sur le plafond de la dette et éviter aux Etats-Unis de faire défaut, ce qui aurait des conséquences très graves sur l'économie américaine, mais aussi mondiale.
Le plafond de la dette est le montant à partir duquel le pays ne peut plus émettre de nouveaux emprunts pour se financer, ce qui l'empêche d'honorer ses paiements.
Universal chante, Vivendi déchante
La puissante major de l'industrie musicale Universal Music Group (UMG), qui faisait ses premiers pas à la Bourse d'Amsterdam mardi, s'échangeait à 25,44 euros, soit plus de 35% au-dessus de son prix d'introduction.
A l'inverse, son ancienne maison mère, Vivendi, qui ne détient plus que 10% d'UMG, chutait de 19,15% à Paris, à 10,54 euros.
L'aérien reste sur sa lancée
Comme la veille, les valeurs aériennes profitaient de la perspective d'une relance des trajets transatlantiques, avec l'ouverture annoncée du territoire américain aux voyageurs entièrement vaccinés en provenance du Royaume-Uni et de l'Union européenne.
IAG, maison mère de British Airways et Iberia, avançait de 4,57% à 173,78 pence à Londres. A Paris, Air France KLM gagnait 1,88% à 4,17 euros. Et Lufthansa prenait 1,52% à 8,79 euros à Francfort.
Du côté du pétrole, de l'euro et du bitcoin
A l'image des actions, les cours du pétrole rebondissaient sensiblement. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en novembre valait 74,24 dollars, en hausse de 0,43% vers 14H00 GMT.
A New York, le baril de WTI pour octobre, dont c'est le dernier jour de cotation, gagnait 0,48% à 70,47 dollars.
L'euro stagnait (+0,05%) face au billet vert, à 1,1733 dollar.
Le bitcoin en revanche perdait 0,85% à 43.166 euros.(AWP)
La Chine a les capacités pour "amortir le choc", selon l'OCDE
La Chine a les capacités pour "amortir le choc" lié à Evergrande, le plus gros promoteur immobilier chinois qui menace de faire faillite et fait craindre des remous sur l'économie chinoise, voire mondiale, a indiqué mardi la cheffe économiste de l'OCDE, Laurence Boone.
"Nous pensons que les autorités chinoises ont la capacité budgétaire et monétaire pour amortir le choc", a affirmé mardi Mme Boone au cours d'une conférence de presse sur les prévisions économiques mondiales de l'organisation internationale pour 2021 et 2022.
Le plus gros promoteur immobilier du pays, en termes de chiffre d'affaires, est perclus de dettes et pourrait faire faillite.
Cette semaine, certains ont commencé à agiter le spectre d'un "Lehman chinois", en référence à la chute en 2008, durant la crise du "subprime", de la banque américaine et l'onde de choc qui avait suivi pour le système financier mondial.
Sur les risques de contagion à l'étranger, "nous devons observer la sphère réelle (consommation, croissance, etc. NDLR) et la sphère financière", a déclaré Mme Boone.
"Concernant la sphère réelle, quand la demande chinoise diminue, il peut y avoir un impact", a-t-elle poursuivi, la Chine représentant une locomotive de croissance mondiale avec une progression anticipée de son PIB de 8,5% cette année selon les prévisions de l'OCDE.
L'organisation économique internationale a notamment calculé qu'une baisse de la demande chinoise de 2% durant deux années, ce qui n'est pour l'heure pas le cas, pouvait avoir pour effet de réduire l'activité économique mondiale de l'ordre de 0,5%.
Le secteur de l'immobilier est un moteur essentiel de l'économie de la Chine. Il représente environ un quart de son PIB et a joué un rôle déterminant dans la reprise après la pandémie.
Concernant la sphère financière et les craintes de contagion, "la connexion entre les marchés financiers chinois et les autres est moins grande que ce que nous voyons dans le monde occidental", souligne Mme Boone. "Donc l'impact serait relativement limité, mis à part pour certaines entreprises."
Dans un rapport rendu cette semaine, l'agence de notation S&P a affirmé que les autorités interviendraient probablement dans le cas où elles redoutent que la crise entraîne des risques à une large échelle.(AWP)