Le premier semestre 2024 s’est soldé par un léger repli des marchés obligataires qui enregistrent des performances négatives depuis le début de l’année. Les dégâts sont toutefois limités et n’effacent qu’une partie des gains engrangés en novembre et décembre 2023. Les segments high yield et émergents se distinguent par des performances positives qui résultent des primes de risques substantielles et d’une duration inférieure à celle des emprunts gouvernementaux ou des obligations d’entreprises de catégorie investment grade.
Les indicateurs récents n’impliquent pas de rupture significative, comme en témoigne la stabilité de l’indice ISM consacré au secteur manufacturier (48,5 en juin après 48,7 en mai). Le rendement du T-Note à 10 ans s’est toutefois redressé à proximité de 4,5%. Sans surprise, l’indice de prix lié aux dépenses de consommation personnelle (PCE) a corroboré le message transmis par l’indice de prix à la consommation. Hors énergie et alimentation, l’indice présente une augmentation de 0,1% par rapport au mois précédent et de 2,6% en glissement annuel, au plus bas depuis le printemps 2021. L’’indice supercore (services hors énergie et logement) affiche une progression mensuelle de 0,16%, mais les banquiers centraux ne se contenteront pas d’un seul bon chiffre pour amorcer un cycle de réductions des taux. Les déclarations des gouverneurs de la Réserve fédérale (Fed) Lisa Cook et Michelle Bowman confirment une volonté d’attendre avant d’agir.
En dehors du champ conjoncturel, les défaillances de Joe Biden à l’occasion du premier débat télévisé invitent les investisseurs à se préparer au retour de Donald Trump. Les projets du Républicain sont de nature à creuser le déficit et à prolonger une phase de laxisme qui a débuté durant son premier mandat et qui pourrait s’accentuer si son parti devait obtenir une double majorité, au Sénat et à la Chambre des représentants. Un pouvoir législatif partagé, comme aujourd’hui, réduirait la marge de manœuvre et la capacité de nuisance d’un Donald Trump qui pourrait en outre remettre en question l’indépendance de la Fed. Les perspectives politiques incertaines sont de nature à fragiliser le marché obligataire et plus particulièrement les emprunts à long terme.
En Europe, les rendements en euros sont aussi orientés à la hausse. L’issue du premier tour des élections parlementaires en France a provoqué un léger reflux du spread vis-à-vis de l’Allemagne. La capacité du Rassemblement national à obtenir une majorité absolue est douteuse et la gauche n’est pas en mesure de s’imposer même si elle devance le camp macroniste. La paralysie législative qui pourrait résulter d’un parlement dénué de toute majorité cohérente ne constituerait pas le pire des scénarios. Une prise de contrôle du parlement par la droite populiste pourrait en revanche provoquer une augmentation significative des primes de risque associées à la dette et aux actions françaises.
L’actualité économique est assez terne. L’inflation allemande a poursuivi son reflux pour s’établir à 2,5% en juin. L’érosion minime de l’indice du sentiment économique de la Commission européenne traduit une morosité persistante qui devrait inciter la Banque centrale européenne à réduire davantage les taux d’intérêt. A cet égard, le gouverneur Rehn juge raisonnable l’anticipation de deux baisses supplémentaires en 2024.
Hors zone euro, les emprunts en livres sterling se sont conformés à la tendance générale. A contre-courant, les emprunts en francs suisses présentent des rendements en léger repli.