La lutte contre le changement climatique est souvent comparée au projet inouï de John F. Kennedy, à savoir la «mission lunaire», et ce, à juste titre. Il existe cependant des différences importantes.
D’abord, le changement climatique, avec ses répercussions à l’échelle mondiale et ses effets de rétroaction multidimensionnels, représente un problème technique bien plus complexe que celui des vols spatiaux – et infiniment plus coûteux à résoudre.
De plus, l’action climatique est également entravée par un manque de coordination. Imaginons ce qu’il serait advenu si Kennedy avait fixé son objectif sans formuler un plan, en s’en remettant simplement aux agences et institutions publiques – associées à des entreprises privées aux intérêts et motifs fort divergents – pour trouver un moyen de parvenir au but.
Un nouveau rôle pour l’OCDE
C’est pourquoi, en tant que membres d’une coalition de 38 institutions de l’ensemble du secteur, nous demandons une réforme de l’architecture financière mondiale.
Notre principale recommandation est que l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) assume un nouveau rôle comme organisateur et hôte d’une plateforme internationale pour le financement du climat (IPCF). Cet organisme fournirait une aide technique aux pays pour qu’ils soient en mesure de tenir leurs engagements en matière de climat, conseillerait d’importantes institutions financières privées quant à la manière d’augmenter leurs propres contributions sur le plan climatique, et produirait une vue d’ensemble des besoins et des possibilités de financement à l’échelle mondiale.
A première vue, l’OCDE pourrait sembler un candidat improbable pour mener à bien des réformes du système financier. En effet, cette organisation est souvent décrite comme «club des pays riches», une désignation qui n’est pas sans fondement, et il n’est pas toujours clair quel rôle elle joue dans le cadre de l’économie mondiale. Il existe cependant plusieurs facteurs qui font que l’OCDE présente le bon profil.
Une désignation réaliste
Tout d’abord, ce serait un choix pragmatique. L’OCDE est déjà bien dotée de moyens financiers, d’un montant annuel avoisinant les 380 millions d’euros. De même, elle est connectée aux Etats membres du G20 et à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, ainsi qu’à des organismes de normalisation financière tels que la Banque des règlements internationaux (BRI), le Conseil de stabilité financière (FSB) et l’Organisation internationale des contrôleurs de retraites (IOPS). Cela signifie qu’elle serait prête à démarrer immédiatement, en nous épargnant le processus coûteux – et politiquement délicat – de la création d’une nouvelle organisation intergouvernementale à partir de zéro.
Ensuite, elle dispose de l’expertise requise. Avec une équipe de 2500 spécialistes, dont bon nombre connaissent bien les subtilités du financement climatique, l’OCDE serait en mesure de fournir l’assistance technique requise tant aux pays développés qu’à ceux en voie développement, en les aidant à élaborer des stratégies de financement pour leurs «contributions déterminées au niveau national (CDN)», tout en facilitant l’accès aux ressources d’autres institutions multilatérales.
Un précédent
Finalement, l’OCDE a déjà fait ses preuves dans la réalisation d’un ambitieux projet international d’allocation de capital. En effet, elle a pris la relève de l’Organisation européenne de coopération économique (OECE) qui avait été instituée en 1948 pour administrer le plan Marshall, en gérant les fonds destinés à la reconstruction de l’Europe après les ravages de la Seconde Guerre mondiale.
En résumé, un organisme remanié OCDE-IPCF constitue le meilleur moyen de coordonner les actions visant à assurer un avenir plus durable pour le système financier mondial, en faisant office de NASA pour la «mission lunaire» que représente la lutte contre le changement climatique.