Gianni Pugliese
Mirabaud - Analyste obligataire
12 octobre 2020, 17h09
Partager
Depuis fin septembre, le marché obligataire américain s’anime. Les rendements des emprunts de maturités longues grimpent et la pente de la courbe souveraine est au plus raide depuis fin 2016. Le mouvement résulte de la confiance croissante en la poursuite du rebond économique ainsi qu’en l’accélération de l’inflation. Il intègre également les chances de victoire de Joe Biden à l’élection présidentielle, la potentielle prise de contrôle du congrès par le parti démocrate et donc des dépenses futures de taille.
En termes d’impact, le 5 septembre, le rendement du T-bond de maturité 30 ans a franchi le niveau important de 1,57%, et par là-même occasion sa moyenne mobile à 200 jours. Il s’est ensuite élevé au-dessus de 1,60% à deux reprises. Pour rappel, il avait chuté à 0,9953% le 9 mars dernier. Cette hausse de 60 points de base (pb) génère une perte conséquente de 11,8% sur la période.
Les plus pessimistes craignent que la prochaine étape consiste à aller tester les 1,75% atteints en juin dernier. Ils partent du principe que même en cas de progression modeste de la croissance, l’offre massive à venir de bons du Trésor pèsera sur le marché. C’est pourquoi ils anticipent des rendements longs plus hauts – bien plus sensibles aux potentielles – et une courbe souveraine plus pentue entre les segments 5 ans et 30 ans. L’écart actuel est de 125pb. Il pourrait s’accentuer jusqu’à 150pb, considérant que la politique monétaire de la Fed est supposée maintenir une certaine stabilité du rendement à 5 ans.
En règle générale, les rendements varient lorsque les attentes de perspectives économiques, d’offre et de demande de titres et de politique monétaire changent. Lors de cette décennie, le marché obligataire américain a réagi positivement en périodes de crises et de ralentissements économiques. A l’inverse, les deux plus fortes baisses des cours des bons du Trésor ont été enregistrées suite à des changements d’anticipations au niveau de l’offre et de la demande.