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L’apaisement au Portugal

L’élection du premier ministre Antonio Costa est un gage de stabilité politique comme en témoigne l’emprunt souverain à 10 ans vis-à-vis de son homologue allemand.

Gianni Pugliese
Mirabaud - Analyste obligataire
04 février 2022, 7h00
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Dimanche dernier, le premier ministre socialiste Antonio Costa a remporté les élections législatives anticipées au Portugal. C’est la fin d’une crise politique déclenchée en octobre dernier par le rejet du projet de budget pour 2022, lorsque les partis de la gauche radicale avaient lâché la coalition gouvernementale en votant avec l’opposition. La revanche est belle puisque, outre la victoire, le Parti socialiste a obtenu une majorité absolue avec 117 sièges sur les 230 que compte la chambre. Ainsi, Antonio Costa dispose désormais de quatre ans pour accomplir les réformes attendues sans les contraintes permanentes liées à l’exercice du pouvoir au sein d’une coalition. 

Ce résultat est un gage de stabilité politique comme en témoigne la stabilité de l’emprunt souverain à dix ans vis-à-vis de son homologue allemand. Antonio Costa peut donc continuer à superviser une économie qui tente de rebondir avec l’aide du fonds de relance européen, dont les premiers versements ont débuté l’année dernière. Selon le gouvernement, l’impact économique du plan de relance européen sera de 22 milliards d’euros jusqu’en 2025 et aboutira à un PIB 2025 supérieur de 3,5% à ce qu’il aurait été sans ce plan. 

Une inflation à un niveau modéré

Le pays revient de loin. Son économie se redresse après une contraction de 8,4% en 2020, la plus forte depuis au moins 1960. La pandémie a notamment nui à un secteur du tourisme qui représente 15% de l’économie et 9% des emplois. Le Portugal, dont le taux d’endettement est le plus élevé de la zone euro derrière la Grèce et l’Italie, a ainsi été privé d’une source majeure de revenu. Une campagne de vaccination particulièrement efficace a cependant permis au pays d’atteindre l’un des taux de vaccination les plus élevés au monde, permettant, ce mois-ci, un allègement des restrictions pour la population et les voyageurs. 

D’un point de vue conjoncturel, la Banque du Portugal prévoit une croissance de 5,8% en 2022, avant un ralentissement à 3,1% pour 2023. L’inflation est attendue à 1,8% en 2022, un niveau modéré par rapport au reste de l’Europe. De son côté, le gouvernement anticipe un recul du taux d’endettement à 122% du PIB en 2022 contre 127% en 2021, il vise également une réduction du déficit budgétaire à 3,2% du PIB en 2022. Bien qu’Antonio. Costa envisage de relever à nouveau le salaire minimum et d’augmenter les investissements dans le secteur de la santé, il s’est engagé sur la voie de la discipline budgétaire. 

Une source de volatilité en moins

Il s’agit de ne pas laisser s’envoler les coûts d’emprunts, au vu du niveau de la dette publique. A 0,67%, le 2 février, le rendement souverain à 10 ans est inférieur à ce que paient les autres pays périphériques. En décembre 2020, il avait chuté jusqu’à -0,06%. Avant cela, il avait culminé à 18% en 2012, au plus fort de la crise de la dette dans la zone euro! Une source de volatilité en moins pour le Portugal, une autre à venir pour la France bientôt.