• Vanguard
  • Changenligne
  • FMP
  • Rent Swiss
  • Gaël Saillen
S'abonner
Publicité

Le coup de sang des marchés n'impressionne pas tous les analystes

Les marchés actions ont chuté lundi face aux mauvaises nouvelles venues d'Angleterre. Les opérateurs ne sont pas surpris. Ils évoquent des prises de bénéfice et ne remettent pas en cause les espoirs pour 2021.

Au cours de la séance, les titres liés au secteur aérien et au tourisme ont subi les conséquences d’une sorte de mise en quarantaine des îles britanniques.
Keystone
Au cours de la séance, les titres liés au secteur aérien et au tourisme ont subi les conséquences d’une sorte de mise en quarantaine des îles britanniques.
21 décembre 2020, 18h25
Partager

Les craintes concernant la mutation plus contagieuse du Covid-19, apparue au Royaume-Uni, ont créé lundi des tensions sur les marchés financiers du monde entier. Après des marchés asiatiques en petite forme, les marchés européens se sont montrés particulièrement sensibles. La livre britannique a perdu du terrain, tout comme le pétrole, tandis que les valeurs refuge classiques comme l’or se sont appréciées. En revanche, le franc suisse a même lâché un peu de lest face à l’euro et au dollar US. 

Il ne faut cependant pas surestimer la réaction des marchés, largement attendue après plusieurs mois de tendance positive. La mutation du virus ne remet, pour le moment, pas en cause le scénario de croissance pour 2021. La séance de lundi a néanmoins été une bonne occasion pour procéder à des prises de bénéfices. «C’est une réaction épidermique des marchés. Il n’y aura pas de ligne droite pour les marchés en 2021 non plus. Les sentiments deviennent extrêmement puissants», observe François Savary, CIO de Prime Partners. Le nouveau responsable actions suisses de Mirabaud, Daniele Scilingo, constate lui aussi qu’en 2020, «les marchés digèrent très rapidement les nouvelles. De surcroît, les algorithmes amplifient les mouvements». 

Au cours de la séance, les titres liés au secteur aérien et au tourisme ont subi les conséquences d’une sorte de mise en quarantaine des îles britanniques. La décision d’interdire le trafic aérien de passagers depuis et vers le Royaume-Uni signifie mettre à l’arrêt quasi-total le quatrième marché mondial. Un trafic qui se dirige pour moitié vers les pays membres de l’Union européenne. La Suisse représente quant à elle une part significative de la moitié restante. 

Le coup de sang des marchés n'impressionne pas tous les analystes

Le marché suisse des actions n’a pas échappé au mouvement général. Le SMI a cédé 2,07% à 10.306 points. Sans surprise, le spécialiste du commerce de détail hors taxes Dufry (-7,2% à 53,2 francs) et Flughafen Zürich (-2,6% à 149,8 francs) se sont retrouvés sous forte pression. Dufry s’est ainsi classé parmi les cinq derniers titres du SPI. La chute du titre de Lastminute.com, groupe actif dans les voyages en ligne, est aussi révélatrice de la pression sur le tourisme (-4,1% à 23,4 francs). 

«La mécanique sectorielle qui était à l’œuvre sur les marchés lundi est tout à fait cohérente avec la nature des frayeurs. La mauvaise nouvelle est arrivée dans des marchés surachetés», a souligné l’économiste de marché Gianluca Tarolli de la banque Bordier & Cie. Il souligne ainsi que les taux d’intérêt à long terme sont repartis à la baisse, au cours d’une journée risk-off classique. 

Les valeurs financières ont elles aussi connu une mauvaise journée. Swiss Re (-3,33% à 80 francs) s’est retrouvé à la dernière place des valeurs du SMI. «Les banques et assurances subissent un effet amplificateur. Lorsque la courbe des taux s’aplatit, leur marge de profitabilité se resserre. Si, en plus de cela, il n’y a pas de croissance, la question des crédits douteux refait surface», souligne François Savary.  

A propos de l’un des espoirs les plus souvent évoqués en fin d’année, le rally de Noël, les avis restent partagés. Pour François Savary, «le Père Noël est déjà passé». Daniele Scilingo estime pour sa part que l’espoir est encore permis: «Le Congrès américain a ratifié un nouveau paquet de stimulus, et en Europe, un accord pourrait être trouvé sur le Brexit. Il s’y ajoute qu’en fin d’année, il y a toujours passablement de liquidités pouvant être placées sur le marché.» De l’avis de Gianluca Tarolli de Bordier & Cie, il faudrait aussi «des nouvelles positives sur le front du virus» pour qu’un rally puisse encore se déclencher.